LA BOÎTE !
Je ne voulais pas mourir idiot, alors je suis allé sur TF1. Ça commence bien. C'est une phrase qu'on utilise en général pour s'excuser d'avoir fait quelque chose de stupide. Et puis, c'est valorisant, parce qu'en sous titre, cela veut dire qu'on n'en n'est pas un... d'idiot.
C'est comme un dimanche après midi, machinalement, j'avais zappé sur la deux. 'Machinalement, j'avais zappé', merde encore une phrase toute faite pour dire qu'on ne le fait jamais, mais que cette fois, exceptionnellement, on a fauté. Donc, sur la chaîne du cireur de godasses, il y avait comme invité l'apprenti acteur, danseur mondain, venu pour ainsi dire redorer son blason, si tant est qu'il en eut un, et avec un malin plaisir, si, si, il avait choisi une chanson de G.Brassens, 'Le temps ne fait rien à l'affaire' avec le refrain célèbre: Quand on est con, on est con. Et avec un sourire malicieux, si, si, le réceptionniste en chef laissait entendre, en filigrane, que les cons ne pouvaient pas se reconnaître puisqu'ils étaient cons. Cherchez l'erreur. Qui est qui ? Mais l'autre, bien sûr, celui qui ne pense pas comme vous! Tout est là. Mais l'autre, c'est aussi vous.
C'est pour cela que 'qui se ressemble, s'assemble' !
Mais je m'écarte de mon sujet. Je suis donc allé voir ce jeu.
Alors, il y a des hommes et des femmes qui arrivent avec une boîte. Sourire aux lèvres, bien sur eux, les femmes bien décolletées et minijupées, maquillées à point et jeunes de préférence. Les mecs, un peu excentriques, c'est mieux et style moderne, merde, il y a un casting. On n'est pas là pour jouer, on est là pour faire monter l'audimat!
Le maître de cérémonie fait son entrée sous les bravos de la foule en délire, merde, les chauffeurs de salle sont là pour cela, et il va s'assoir derrière une sorte de table avec un verre d'une boisson inconnue pour rafraichir l'organe qui va lui servir le plus. Je passe sur des préliminaires qui n'amèneraient rien à la compréhension du jeu, surtout pour vous, qui comme moi, n'en avez rien à faire.
Dans chaque boîte, une somme, allant de 1 à 500000 euros, connue seulement par le maître huissier incontournable de chaque émission qui représente le sérieux de tout amusement télévisuel qui se veut sans reproche. Le but du jeu étant de rester avec la boîte contenant la plus grande somme possible. On peut changer sa boîte, s'arrêter ou accepter une offre à chaque coup de téléphone de l'huissier masqué.
Le présentateur vedette est là pour diriger le jeu et balancer quelques plaisanteries dont il a le secret..... Il leur demande même de réfléchir, putain réfléchir pour designer une boîte, comme s'il pouvait y avoir une tactique ? Enfin, il faut justifier son salaire.
Alors on assiste aux états d'âme du joueur; du rire aux larmes, oui, oui. La caméra se rapproche de celui ou celle qui a ouvert la mauvaise boîte qui contenait une grosse somme qui s'envole.
On a eu soin de choisir des personnes pour qui cette nouvelle chance constituait une manne inespérée, un don du ciel, des gens bien émotifs et influençables pour accrocher les sentiments voyeurs de téléspectateurs qui peuvent se reconnaître dans ces archétypes.
Elle pleure sous une musique d'ascenseur, l'animateur jubile, et débite son baratin bien huilé, les autres candidats se serrent les mains en signe de chaîne de solidarité, le public est en transe, il reste une grosse somme qui peut représenter beaucoup pour quelqu'un dans la dèche. Pas de sexe dans la piscine, c'est tempête sous une boîte.
Et l'autre qui continue son boniment débile. Il prend même fait et cause pour la victime consentante, il peut aller jusqu'à insulter ce diable d'huissier caché aux yeux du public, les spectateurs le soutiennent, la tension monte, c'est palpitant.
Et puis j'ai zappé, j'en avais marre! Ce n'est pas un jeu, c'est une farce pathétique !
La boite! La ferme! Ça c'est bon !
Je vais mourir idiot, je préfère encore !