UN DINER PRESQUE PARFAIT A ROUEN ! III
Mercredi, Reynald, grossiste en jouets pour fêtes foraines, avec un menu ‘le grand huit de la gastronomie’.
Une petite remarque. Suite au dîner de mardi, dans la voie du conceptuel, on peut faire un menu gastronomique hautement culino-symbolico-conceptuel.
Prendre un livre de cuisine, le poser bien en vue sur une nappe blanche. Dresser une table avec quelques photos de la bible du ‘savoir installer ses couverts’, préparer un menu virtuel avec les images des plats de grands chefs, découpées dans les magasines spécialisés, et dégustez tranquillement votre repas, réel, en poussant des petits gloussements de satisfaction à la vue de chaque préparation que vous allez trouver extraordinaire. Et si vous avez pris la peine de faire participer à votre festin quelques effigies de convives triés sur le volet, vous serez sûrs d’avoir réalisé un dîner absolument parfait ! Mais j’allais oublier, trouvez des noms tarabiscoté pour vos plats, ceux qui ne comprendraient pas vos délires seront immédiatement traités de béotiens incultes !
Chez lui, grande salle à manger. Peu d’objets sur les étagères du meuble derrière la table. Murs assez vides ; il a fait de la place pour présenter les objets qu’il vend. Présentoir lumineux, divers gadgets propres à son activité. Cheminée avec du bois à l’intérieur, par contre la télé dessus….. Une grande roue pour la décoration et la présentation de ses pommes d’amour.
Grande cuisine, ouverte, super équipée et très fonctionnelle. Vaste terrasse, avec un stand reconstitué presque à l’identique, éclairage, ballons, jeux d’adresse, fléchettes, qui si tu rates la cible il vaut mieux aller voir le petit à 2000. Les gains sont à la mesure de la dextérité ; la pâte à prout, le coussin péteur, non, non, ce n’est pas la décoration d’un proctologue, mais on y est ! Remarquez, avec un mobile, tu peux toujours appeler un numéro qui va envoyer le bruit d’une caisse à tes amis, mon dieu comme c’est marrant ! Enfin, autres temps, autres mœurs !
Présentation de l’affaire familiale. Entrepôt de jouets made in china, toute la famille est sur la photo, papa, maman, frérot, sa femme et son fils, hou, hou, c’est le bon heur-heur-heur ! Le plein de peluches et on revient à la maison. Presque dix minutes, c’est longuet.
Juste une autre petite remarque. En parlant des brochettes de langoustines, la voix off, ah cette voix, nous dit quatre par personne, je veux bien, mais je n’en vois que trois sur les pics de bois ! Vous allez dire que je pinaille, c’est possible, mais là voix du mec qui n’est pas là, ne sait pas compter !
Décoration de table. Nappe blanche, un peu froissée, déco fête foraine, je veux bien. Encore un thème. Faudrait pas déconner. La pêche aux canards, les cannes à pêche, les voitures tamponneuses. Assiette plate au centre creux à que special déco. Bon, les couverts et la vaisselle ne sont que des accessoires facultatifs. Des nougats, des sucettes, des bonbons. Une fleur d’anthurium laguna dans une coupelle remplie d’eau, un vase avec une rose blanche. Des peluches comme il pleuvait des pommes chez Aurélie. Couverts inversés. Verres mal placés. Imaginez un instant ; on vous invite, la déco de table est similaire, comment réagissez vous ?
Les invités arrivent. Aurélie avec un petit paquet. A ce sujet, pourquoi nous montrer des séquences déjà tournées ? Lorsqu’il ouvre le volet roulant électrique de la baie vitrée, on voit qu’Aurélie est en train de boire le champagne, alors qu’elle n’est pas censée être là. Un sirop pomme d’amour. Il ne faudrait pas en faire trop, tout cela peut mener à confusion.
Oh sympa, dit-elle en entrant, vu la déco de sa maison, on sent immédiatement l’exclamation de complaisance. Elle rajoute ; c’est génial, elle qui n’aime que le blanc et le rose !
Mehdi avec un petit paquet. Sophie, bouteille. Jérôme avec un parasol.
Apéritif. La grande roue de l’apéritif. Des pommes d’amour aux fromages. En considérant la vitesse de son jouet, il est impossible aux pommes d’amour d’y faire un stage pour l’animation.
Champagne rosé. La blonde se lâche, nostalgique du temps où elle se faisait draguer dans la chenille. Les trois boules rouges sur un petit plateau noir. Minimaliste ! Le ventilateur est arrêté. Déception de l’ami molette et de ses copines qui se voyaient déjà en l’air comme des hôtesses. Un peu simple !
Animation sur la terrasse. Le jeu du pot à lait, rentrer les balles dans le trou. Tir aux fléchettes. De pauvres ballons innocents. Je n’aime pas la foire. Ensuite tu vas gagner ces peluches qui vont faire le bonheur des stands sur les brocantes, avec les appareils de muscu ! Ah, et le stylo électrique pour s’entrainer au jeu de la mort (pour ceux qui suivent).
A table. Il enlève les assiettes, d’où l’utilité d’une assiette de présentation qui reste en place.
Un petit bémol également, il s’essuie le front avec le liteau utilisé pour servir.
Entrée. Les langoustines font la chenille. Aurélie, voit immédiatement des chenilles sortir d’une pomme, à mon avis, elle a un problème avec ce fruit. C’est Barbie nouvelle Eve blonde qui a toujours un vieux contentieux à régler avec le jardinier créateur.
Et Aurélie qui a avalé le CD de la foire ! Les mots doivent lui plaire ! Et elle trouve immédiatement que le fond de l’assiette est constitué d’un fond d’artichaut, putain la classe !
Distribution de peluches. L’hôte est généreux.
Plat principal. Le manège de Jacques…sensations maximum !
Du ris de veau avec des saints jacques, girolles, pleurotes et trompettes des morts………de France ! Pas comme les peluches !
Barbie à la foire, aime. Aïe, pour Mehdi il manque de la crème.
Dessert. Le palais des glaces. Des profiteroles au chocolat. Et on s’essuie le front avant de porter les assiettes. Pain on the table ! Déception générale, avant de goûter. Chacun avait imaginé autre chose.
J’adore. Des sorbets avec des miroirs pour Barbie rêveuse et rieuse. Des glaces au bubble-gum, à la barbe à papa, avec des saveurs fête foraine ( ?) pour Mehdi. Pour Jérôme, c’est un retour vers le labyrinthe des glaces, il reste dans la quatrième dimension. Un bloc de glace avec une sucette au milieu, ça lui rappelait les neiges éternelles et la susu de son enfance, et il était content, avec les peluches, il appelait sa mère. Sophie s’en fout, elle mange.
Les notes.23 pour Sophie. 22 pour Jérôme et Aurélie. 21 pour Mehdi toujours sur la réserve.
Le repas semblait très bon, hôte prévenant, de bonnes idées, mais il faudrait arrêter de déconner avec ces décorations puériles et limites.
J’attends avec impatience une décoration présentée par un gynécologue !
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