UN DINER PRESQUE PARFAIT A PARIS ! V
Vendredi, Flavio, directeur des achats avec un menu ‘Eataly’, que pour faire plaisir à Laureltrevor , mais indéchiffrable pour Awa.
« Comprendre un peuple, c’est comprendre comment il mange ! » dixit l’italien. Mais pour comprendre comment il mange faut-il encore manger ce qu’il mange, avec lui et non pas dans ces restos pour touristes !
Passionné de cuisine et de voyages.
Moments d’anthologie à la lecture du menu par les autres convives.
Antipasti du marché. Awa s’interroge de la présence du pastis en entrée qui n’est pas une spécialité italienne.
Sole rosso. En italien sole (o sole mio !) ne veut pas dire sole, le poisson ! Message personnel pour Awa.
Je rajouterais qu’une scalopine n’est pas non plus une femme de mauvaise réputation en train d’accomplir un acte répréhensible par la religion, surtout si elle a mis un préservatif.
Chez lui, à gauche, un grand salon, deux canapés de part et d’autre d’une télé ancien modèle, merde, ça c’est une faute ! Baie vitrée avec un benjamina qui est vraiment la plante classique. Cave à vins. Etagère pour les souvenirs, enfin surtout pour les CD et les vinyles. Ce sont des petites merdouilles vendues aux touristes, tu peux trouver les mêmes n’importe où maintenant avec la mondialisation, et je ne suis même pas sûr que tout soit fabriqué dans le pays. Même à Vallauris, certaines poteries viennent de Chine, et sont ensuite retravaillées façon locale !
Je note les trois bougies, qui par leurs couleurs, sont censées représenter l’Italie, merde, même pas une photo du roi italien, sur son balcon papal, alors je me dis que son symbolisme est vraiment primaire. Nous apprenons qu’il est de l’Emilie et de Bologne en particulier.
Cuisine en longueur, l’évier devant la fenêtre, à droite une table bar qui sert de plan de travail.
Les courses. Il a bien sûr tout ramené d’Italie ! Putain, ils sont en France depuis je ne sais combien d’année, mais ils vont toujours faire leurs courses chez eux. Salut l’adaptation. Merde, on critique les français, à juste titre, qui demandent un steak frite salade, au fin fond de la brousse, dans un resto indigène, mais je vois que tout le monde fait pareil. Alors il pinaille sur la qualité des produits de chez lui, et il achète des fraises hors saison, sans doute espagnoles, logique !
On voit qu’il a l’habitude de cuisiner. Mais je remarque qu’il se sert toujours de la même petite cuillère pour goûter.
Déco de table. Nappe marron, des sets clairs. Assiettes transparentes avec en dessous une affichette ; ‘chez Flavio’. Des serviettes barboteuses bavoirs, deux bacs rectangulaires avec des bougies. Je n’aime pas les couverts regroupés à droite avec la fourchette à l’extérieur, sur un porte-couvert. Des grains de riz, mais des pétales de roses en tergal ! Minimaliste ! Il manque des fleurs !
Un petit retour en cuisine pour terminer sa soupe de fraises. Encore une remarque : on n’équeute jamais les fraises avec un couteau en les coupant, mais toujours à la main avec une légère torsion ! Eh oui, désolé ! Je remarque aussi sa technique primaire pour ouvrir sa boite de confiture balsamique récalcitrante avec un couteau, alors qu’il suffit simplement de faire entrer un peu d’air sous le couvercle avec n’importe quel objet pointu. On entend le bruit caractéristique de l’air qui entre et c’est ouvert !
Changé, il attend ses invités. Claire, la première, à son avantage, mini et décolleté, mignonne.
Awa, mignonne mais figée. Zazil, en beauté mais coincée. Trévor plus Laurel qu’Auteuil.
En apéritif, un Braquetto (Piémont). Vin pétillant rosé presque rouge, assez doux, presque pas alcoolisé, avec un petit goût de framboise qui rappelle ces vignes de ‘framboise’ que l’on trouvait jadis sur les treilles des anciennes maisons en Provence, qui a été interdit, et qui avait l’avantage de n’attraper aucune maladie. Même Awa en boit ! Antipasti classiques. Grissini, croutons et tostini classique avec jambon, endives etc…. ils se jettent tous dessus ! On termine par le fromage de vache avec sa confiture au vinaigre balsamique.
Je note que la caméra est toujours face à Claire !
Animation sur le vinaigre balsamique : taste vinaigre. Atelier du goût, aque l’affichette de pub ! Plus il est vieux et moins il devient acide et même plus sucré. Il explique très bien, intéressant et dans le sens du repas !
Assis, ils attendent le risotto aux fraises, ce qui est normal pour ce plat qui doit être fait minute. Alors petite vengeance des invités qui manifestent. Sur une assiette, une petite marmite avec une rose rouge pour les filles, et les pâtes au speck.
Awa mange avec le bout de la fourchette, chez elle on cuit le riz beaucoup plus. « Ce n’est pas désagréable ! » dit-elle en grimaçant. Ouf, j’ai cru qu’elle n’aimait pas ! Mais elle avoue qu’elle n’a pas mangé, parce qu’avec la fraise, elle n’aimait pas. Merde, alors elle n’aime pas !
Elle aurait pu enlever la rose de son assiette. Pour Claire rien de surprenant, ce n’avait que le goût du risotto. Ouf, j’ai eu peur que le riz ait eu, aussi un goût de poisson à la menthe !
« Très copieux » pour Zazil qui a l’air d’agoniser, toujours aussi démonstratrice. On ne sait jamais, comme son cri mexicain, si elle a mal ou si elle rit, si elle aime ou si elle déteste, si elle va s’endormir ou si elle est excitée !
Plat principal : scalopine au vinaigre balsamique, pépéronata et tomate provençale.
Trop riche, pour Trevor qui n’est plus Monty Python, mais ronchon. Délicieux mais trop copieux pour Zazil au bord de l’apoplexie gustative. Claire n’a rien mangé, parce qu’elle pensait avoir trop mangé en entrée, et que « je n’avais pas l’impression de manger quelque chose d’excellent ! » putain, elle pense beaucoup ! Elle ne mange que si elle pense que cela va être excellent ! Moi, je pensais, comme un con, qu’il fallait goûter avant, pour savoir si c’était bon ! Elle, elle pense ! Une autre technique.
Je pense qu’elle pense stratégie ! Et Awa mange.
Dessert dans une coupe rosée, une soupe de fraises tomates crème fraîche et une cuillère d’huile d’olive. Dommage pas d’assiette à dessert dessous. Le sel et le poivre et le pain toujours sur la table ! Et voila qu’Awa nous fait un petit syndrome Zazil en nous parlant de la texture du dessert qui la dérange. Putain, entre ceux qui n’aiment pas la couleur, la forme, l’odeur, l’apparence, le goût, la texture, et j’en passe, on va finir par laisser un verre d’eau sur la table, et encore, certains bigots pourraient faire du symbolisme de bas étage en demandant si c’est de l’eau bénite !
C’est original déclare Trevor n’est plus très riche en apprenant nerveusement à nager à sa cuillère.
« Peut-être, ça m’a pas trop plus ! » déclaration de Zazil toujours aussi explicite !
Enfin, une chose est certaine, et je viens de m’en apercevoir avec effroi : il y a des pépins dans les fraises !
En écoutant les avis des invités, Flavio aurait du faire un diner d’inspiration grecque, ce qui était beaucoup plus original et surprenant !
Les notes : 23 pour Awa. 19 pour claire avec un 5 en cuisine, un peu vache et stratégique. 18 pour Zazil et Trevor.
C’est Claire qui gagne. Mais on n’a pas vu la toque ni le café promis par Flavio !