JE T’AIME !

La mode du ‘Je t’aime’ !

Aujourd’hui, c’est le ‘je t’aime’ à toutes les sauces…

Et il n’y a pas que ça …les hommes doivent le dire à tout bout de champ et en plus ils doivent aussi pleurer pour montrer qu’ils sont des grands sentimentaux et des sensibles, des écorchés vifs….

Bon, bien sûr j’appartiens à cette génération pour laquelle pleurer était un signe de faiblesse, mais aujourd’hui lorsque je vois un ‘héros’ de Paul Anka pleurer parce qu’il n’a pas vu sa famille depuis quinze jours cela me fait éclater de rire, lorsque pour une émission de cuisine, de pâtisserie et même de téléréalité, un candidat se met à chialer parce qu’il a raté sa préparation me fait presque étouffer si je déguste une banana split avec cinq boules de malaga, et putain, si j’ai attaqué la chantilly, je ne vous parle pas des conséquences, et tous ces pères de famille dans les séries américaines, de terribles flics ou d’extraordinaires soldats qui ont zigouillé des ennemis à tour de bras sans bouger un sourcil toute la journée, et qui ne peuvent pas se coucher sans dire tendrement à leurs rejetons qu’ils les aiment me ferait presque expulser les dernières cuillères de chocolat chaud… sauf si j’étais persuadé qu’il n’y en avait plus en réserve.

On galvaude tous les sentiments qui font de nous des humains …dire je t’aime à tout bout de champ, c’est comme lancer à la cantonade qu’on aime le poisson, la sauce béarnaise avec un châteaubriand ou la malaga obligatoire avec la split, pleurer pour un oui ou pour un non, c’est exactement comme se croire obligé de tremper ses frites dans du ketchup ou de la mayonnaise…..

Une mode qui vient des States, qui imprègne maintenant toutes nos productions télévisuelles, et qui dégouline sur notre vie en dénaturant nos vrais sentiments.

On dit je t’aime comme une ponctuation obligatoire, parce que le héros vient de faire l’amour à une fille et qu’il s’en croit presque obligé, sans déconner cette phrase remplace maintenant la cigarette après l’amour du siècle dernier……..je t’aime, alors, heureuse…..putain, j’ai vraiment aimé ta fellation, et toi, tu as aimé mon cunnilingus ?

On est loin de BB lorsqu’elle demandait à Piccoli s’il aimait ses seins………

On aime ses enfants, comme on aime sa femme ou la mer ou une glace malaga, les anglosaxons nous reprochaient de n’avoir qu’un seul mot pour le dire mais nous avions les circonstances, l’intonation et le moment pour l’avouer, ce qui le rendait plus fort, le tout dans une sorte de  jeu de séduction, de regards de braise et de gestes sensuels et ce sont eux comme d’autres qui ont galvaudé cette déclaration en fusionnant à la même sauce les like et love, les ti amo et les mi piaci…et je pense même qu’avouer à une fille qu’on l’aime dans un ascenseur peut être assimilé à une agression sexuelle car elle a déjà l’impression d’être violée tant cette phrase banalisée est presque l’annonce d’un passage à l’acte….. J’irais même plus loin en disant qu’on a tué le libertinage en transformant certains mots en menaces et en ôtant tout sens à d’autres en les standardisant …..  

Il ne suffit pas de prononcer cette phrase pour devenir sincère et ce n’est pas parce qu’on pleure qu’on est malheureux…..

Et ces enfants de dix ans ou plus qui se sentent obligés de dire à leurs parents qu’ils les aiment, comme une ponctuation, alors qu’ils ne font pas la différence entre les jeux vidéos, le ski et un mac do….. vont eux aussi jouer plus tard la même comédie de cet amour factice, servi à la commande, de cet amour commercial programmé et on dira je t’aime comme j’ai envie de pisser !

Bien sûr, je ne parlais que de ce qui se passe au cinéma ou à la télé, dans la vie, tout est tellement différent …..   

 Ma chérie je t’aime, ma chérie je t’adore.... como la salsa de pomodoro !

Comments

[Mo]

Je ne regarde qu'avec la plus grande suspicion les productions américaines récentes... Heureusement il reste les vieux films qui repassent avec des acteurs pas pleurnicheurs.

[loulou le filou]

Je n'aime pas tout le monde...