UN DINER PRESQUE PARFAIT A MONTPELLIER ! IV
Désolé, on ouvre lundi......boulot.
Jeudi, Johan, gardien de manade, passionné des taureaux, cette bête magnifique, fière et noble qui n'a demandé à personne d'être emmerdée et énervée puis mise à mort dans un semblant d'arène comme ces chrétiens qui amusaient les romains ou ces gladiateurs ancêtres des catcheurs, au nom de je ne sais quelle tradition débile ou de l'héritage de coutumes barbares venues du fin fond des âges où l'obscurantisme des hommes était alors excusé par une déficience intellectuelle justifiée par un manque d'éducation, à la seule fin d'exposer sur quelques cheminées, des oreilles ou une queue . C'est vrai que le taureau charge lorsqu'il se sent agressé par le pauvre matador, guignol orgueilleux, enrubanné dans sa protection tena pour éviter les fuites intempestives, qui se présente courageusement devant la bête blessée, exsangue, à bout de souffle après avoir été sollicitée jusqu'au stade terminal par des picadors qui du haut de leurs chevaux blindés et aveugles leur plantent des aiguilles d'acier pour les affaiblir et d'autres sbires marionnettes du grand théâtre de cette atrocité 'culturelle'. On en arrive, presque, en considérant tous ces arguments, à excuser et comprendre, ce brave Henri, Désiré...Landru, qui aimait tellement les femmes d'un amour incandescent, en se consumant pour elles, qu'il les faisait cramer pour assouvir sa passion brûlante. C'est la culture de l'amoureux transit qui se réchauffe comme il peut ! Je crois que je fais une fixation avec les arènes, les terrains, les stades.
Visite de l'arène du grau du roi. " Fé di biou." La passion du taureau. C'est le titre de son menu.
Chez lui, enfin à la campagne. Apres la buvette du stade, ce soir c'est le stand de la kermesse.
Je note qu'il aime bien le "va t'être " employé à toutes les sauces. Enfin, on échappe à la visite des chambres et on n'aura pas droit à la vue des gogues, ni des brosses à dents, merde, les traditions se perdent...comme la cuisine, d'ailleurs.
A la lecture du menu " Il est à fond marseillais, donc camarguais " Doriane est toujours intoxiquée par son thon d'abruti.
Il avoue ingénument, n'avoir jamais cuisiné. On s'en aperçoit avec la suite de ses préparations, un peu excusable, il est vrai, par tous les ennuis techniques.
Et pourquoi il n'a pas son tablier rouge aphrodisiaque avec Sissi marqué dessus ?
Décoration de table avec l'antisèche photographique que t'as plus qu'à faire comme c'est dessus.
Nappe provençale...rouge. Non, je ne dirais pas aphrodisiaque ni so glamour. Couverts à droite. Verres mal placés. Qui s'en soucie ? Du foin, des fleurs sèches et des bougies. Chaises et table made in china.
Il attend ses invités. Christophe sera en retard. Madjid foulard de scout et bouquet linéaire travaillé en verticalité. Putain, il n'arrive encore pas à placer le nom des fleurs. Ah, voila la danseuse du saloon qui arrive. Plus entraineuse que cow-girl. Très distinguée dans sa robe rouge, aphro..non, que pour faire honneur à la journée de la jupe. Bon, je ne dirais rien sur les bretelles de soutien gorge absolument pas dans le coordonné de sa tenue. Mais elle est toujours soucieuse d'apporter un peu de glamour à chaque soirée et se mettant des tenues affriolantes, enfin pour elle, que ça en devient un peu pathétique. Doriane, toujours en pyjama. J'entends, en fond sonore, la corrida de Cabrel, l'ingénieur du son est facétieux, j'aime. Cabrel, pas l'ingénieur du son, que je ne connais pas, et qui pourrait-être une femme qui n'aime pas les corridas. Une première. Doriane offre son cadeau, cassé, sans aucune gène. Un magnifique plateau apéritif pompier entièrement fait à la main dans une usine chinoise pour la population espagnolisante francophone d'Amérique latine, et distribué dans toutes les solderies chinoises par des sans papier d'Europe de l'est. À mon avis, c'est très mal joué, il valait mieux, par exemple, apporter les restes d'une bouteille et dire que c'était un très grand millésime de bordeaux rouge. Sylvie avait apporté un petit gadget insignifiant, mais aucune allusion pour les fleurs, apportées par Madjid et, sans déconner, pas données, dont le gardian se fout complètement comme de leur nom.
La kermesse va commencer. Autour d'un tonneau, pourquoi ne dirait-on pas tonnal, hein Doriane, qui n'aime pas les moules qui sentent le thon, c'est con. Mais elle fait son coming'out et suce une moule en direct live. Elle n'aime pas la consistance mais préfère la sauce.
Apéritif. Acampado de moules. Un rassemblement de moules. Oh putain, on continue, mais j'espère que ça va être du lourd. Des moules rassemblées, on va se poêler. Un congrès, un séminaire, une réunion œcuménique de moules de toutes confessions, des petites, des grosses.
Tout, tout, tout, on va tout savoir sur les bivalves, les accrochées et les nomades, les lisses et les liftées, les innocentes et les délurées, les marinières et les crues, citronnées ou vinaigrées, les bouchées ou les avenantes, celles des parcs bien rangées, et celles de pleine mer bien iodées, la farouche qui se cache et la provocante, toujours en bande, celle qui s'est préparée avec des herbes de Provence et la nature sûre de son bouquet originel qu'aucune sauce n'a encore touché, un rêve, un fantasme bananesque !
Christophe arrive enfin, des obligations importantes excusent son retard, putain, il n'est pas question de quitter un terrain en finale lorsqu'on mène...en plus. Privé de moules.
Animation spectaculo-folklorique. Je stoppe un instant le déroulement de cet intermède récréatif pour mettre en exergue le vocabulaire riche et varié employé par les candidats d'un dîner presque parfait en général et de ce soir en particulier. Johan arrive perché sur son cheval. Whaou, oh, oui, oh whai , ah lala et la variante oh lalal ...........c'est magnifique. Remarquez, je préfère encore ça, aux explications de Doriane. Une charrette emmène tous les invités voir les manœuvres pratiques du triage des bêtes qui vont mourir. Nave Yohann, tauri morituri te salutant. Et Sylvie qui n'a jamais vu autant de taureaux ......
A table. Sous la tonnelle décorée gardée par le costume d'une arlésienne qui, comme d'habitude, n'est pas là. "La table est en fer forgé, les chaises est en fer forgé" , après le "plein de petits t'objets " Madjid, tu m'éclates !
Mais que fait donc doriane penchée sur les genoux de Christophe étonné? Des odeurs de thon ?
Entrée. Anchoïade. Doriane n'aime pas l'anchois. Ça dénature le thon !
Ah, Doriane n'aime pas les anchois qui l'angoissent. Mais deuxième coming'out de la soirée, elle ose. Mais, elle aime. C'est le mot 'un choix' qui ne lui plaisait pas, je crois qu'elle ne savait pas ce que c'était.
Plat principal. Mariage entre le seigneur de Camargue et une bohémienne. Pavé de taureau, légumes et riz. Putain, tel Saturne qui bouffait ses enfants à la naissance pour éviter d'être détrôné, ce gardian va faire déchiqueter ses propres bêtes par des dents étrangères. Curieuse manière de se comporter avec des bêtes destinées à être immolées sur l'autel d'une pseudo culture, privant ainsi l'épée du sacrificateur guignolesque de cette chair fraîche agréable au dieu des corridas. Ah, mais pour ce soir, il est allé chez un boucher, il ne veut pas manger la chair de ses protégés, comme Landru, c'est aussi un sentimental.
Ils vont donc bouffer les artistes de l'animation ! Dur, dur !
Dessert. Bandido de desserts.
"Un dessert du far West, peut-être, une banane, ça ressemble à un revolver..." j'aime bien cette image, Doriane m'intéresse, maintenant, voir un hors la loi sortir sa banane et braquer les passagers terrorisés d'une diligence en annonçant "La bourse ou la vie" Ça ne fait pas du tout western sérieux, ou alors il faudrait que Priscilla y tienne le rôle principal.
Un petit cadeau, une lithographie, à chaque convive, avec des "oh, c'est beau !" avant d'avoir enlevé l'emballage. Il y a du rouge, les filles vont aimer.
C'est la fin du repas. Miel, lavande, pignons, fraises au basilic, huile d'olive, soupe de cerises au vin rouge.Beau support. Pain sur la table.
Les notes. 22 pour Doriane. 21 pour Sylvie. 19 pour Madjid.18 pour Christophe.
Merci à la prod de nous avoir déjà communiqué les notes de Madjid.
Enfin, faut pas déconner moules, anchoïade, plancha, légumes froids, dessert....minimaliste, ce soir c'est de bon aloi! Il est gentil, sympathique, mais plus proche de Landru que de Bocuse.
Je ne pouvais quitter cette soirée sans avoir une pensée spéciale pour le corps de Doriane qui est sorti de son cerveau. Il devait être fort à l'étroit à l'intérieur de sa petit boîte, mais je n'en rajouterai pas plus, pas de cervelle, mais elle a des yeux revolver !