UN DINER PRESQUE PARFAIT A FLERON ! V
Vendredi, Nicolas, enseignant, putain, même en Belgique le niveau de vie est en baisse, en effet lorsque les enseignants commencent à s'inscrire à ce genre de jeu, c'est que ça va mal. Deux cette semaine, c'est la cata. Un menu tour du monde, en général c'est quand on ne veut pas faire un menu régressif et qu'on n'a pas d'idée, alors on pioche des trucs faciles, ça et là, et on se la joue globe trotteur, et comme c'est un prof de géographie...
Un long passage étroit et on entre dans son salon. Sur un meuble, deux anthuriums laguna. Mais qu'est-ce qu'ils ont à toujours nous vanter les mérites de leur divan. Ah, il est loin, ce temps, où les candidats nous faisaient visiter leur chambre, avec la salle bain et les toilettes, et la baignoire qui fait des bulles et les photos des enfants et puis le mari arrivait totalement à l'improviste pour voir si sa femme chérie n'avait pas oublié d'acheter le pain, et puis on avait droit à la sœurette qui venait laisser quelques cheveux dans le potage, ah, je soupire, c'était le bon temps, même qu'on a oublié, le volcan n'avait pas craché ses nuages, ni le feu menacé les centrales, mais nous avions le même président . Cependant je me pose une question fondamentale, est-ce un divan ? Bien sûr que non, mais après avoir osé un coup de téléphone à mon ami, le sixième, enfin, roi des belges, Albert, quoi, en Belgique, les autochtones ont l'habitude d'appeler ainsi notre canapé. Allez savoir pourquoi ? Même que Nicolas s'assoit dedans, alors nous nous contentons de faire la même chose dessus. Oserais-je dire que les belges ont des culs plus gros que les nôtres ? Cela reste du domaine de la supputation.
Et la fable des trois tableaux, elle n'est pas belle ? Il nous montre trois dessins sur un mur, cédés par un ami, et depuis que ce dernier est mort, ils ont pris une forte valeur.....sentimentale, s'empresse-t-il d'ajouter. Et voila, les croutes de la cave sont devenues des œuvres d'art au salon depuis qu'un ami a cassé sa pipe...de Cogolin ou de saint Claude, je déconne.
Visite du salon avec un meuble qui était un poulailler, je pense que notre ami, qui est prof de géo, tout s'explique, a voulu dire qu'il a trouvé ce meuble dans un poulailler et que les poules s'en servaient pour pondre leurs œufs, et si mon explication n'était pas fondée, il me semble qu'un nouvel éclaircissement sur les us et coutumes des poules belges vient d'être levé, ce qui ne manquerait pas d'attirer de nombreux ethnologues de l'autre côté de la frontière, car il serait intéressant de savoir où dorment les épouses, si les poules couchent dans le placard .
"La cuisine est petite, donc c'est vite le bordel." C'est lui qui l'affirme.
Les courses et l'embouteillage de Fléron, petite ville de presque 17 000 habitants, et oui, avec ses deux sens giratoires et ses trois croisements avec feux tricolores, l'enfer. Alors notre brave Nicolas, oui il y en a, se trouve momentanément ralenti par une voiture qui hésite et notre prof nous fait mention de cette fameuse loi.
J'ouvre une petite parenthèse sur la loi de Murphy.
"If that guy has any way of making a mistake, he will."
"If there's more than one way to do a job, and one of those ways will result in disaster, then somebody will do it that way."
En gros, je pourrais résumer en disant que le jour où il y a la grève du métro ou des transports, t'es sûr que ta voiture tombe en panne et que la vespa de ton fils a un pneu crevé.
Vous avez facilement remarqué que dans un super marché vous choisissez toujours la caissière qui va commettre une erreur. Vous changez rapidement d'hôtesse mais une cliente, juste avant vous, a un problème avec un article non référencé. Sur l'autoroute il y a la queue, votre file est statique, celle de droit avance, vous réussissez à changer, et patatras tout est inversé!
La tartine de beurre qui tombe toujours du côté de la confiture etc, etc, chacun a ses propres exemples de cette fameuse loi, ô combien énervante !
Décoration de table. Des bambous pour garnir les pieds de la table, inutile et ridicule et moche.
Table en verre, sans nappe, des cartes en dessous. Set en bambous. Couverts à poisson mal placés. Serviette en papier, nullissime, même si une serviette en tissu est pliée artistiquement en dessus pour servir de réceptacle à une petite composition de fleurs et fruits. Verre avec le prénom de l'invité gravé, pain en forme de lézard. Composition florale en centre de table qui est trop petite pour tout recevoir.
En cuisine. Moins con, il utilise des crevettes déjà préparées, émasculées, décapitées, écorchées, des cadavres, quoi, mais sont-ce des crevettes mâles ? Trop tard ! On ne le saura jamais, et je ne saurais dire. A ce propos, sauriez-vous me dire le nom de la femme de monsieur condor ? C'est dortoir ! J'ai honte, parce que c'est la condor. Bouh!
Les invités arrivent. Martine qui vieillit de jour en jour, tenue très stricte, le haut caché et le bas à peine dévoilé. Fabrice, avec une bouteille et le même petit sac, comme tous les soirs. Madeleine toujours aussi souriante depuis qu'elle conduit des corbillards et qu'elle est devenue pilote décès. Et voila madame bon goût qui fait une entrée triomphale. Entièrement relookée par un fabricant d'épouvantails qui a remporté la citrouille d'or lors du festival d'halloween pendant les réunions évangéliques des témoins de la courge et des fanatiques de la jujube, habillée par la costumière de Geneviève, perruque en véritable cheveux d'un fils spirituel de F.Lalane, couronne de fleurs en tergal et allure générale de la mère Denis qui se serait mise en ménage avec le représentant des balais O Cedar qui lui aurait fait une robe façon paillote. Mais je m'y refuse d'entrer, même si la consommation est gratuite.
Apéritif. Bouchées fruitées du Pacifique, Boules au cumin. Merde, elle le fait exprès, elle déconne, avec son curakao, l'enseignante en milieu hôtelier ? Putain, ce soir elle pencherait plutôt vers le milieu hospitalier.
Verrine mangue et crabe. Viande hachée avec du cumin. Des boulots culs mains, pour faire plaisir à Loulou. Ça me rappelle un petit boulot sympa qui consistait à toucher le bout des seins des filles qui dansaient nues, juste pour faire pointer leurs petits tétons. Mais tout disparaît, mon pauvre monsieur. Sur le divan....belge, on a une Martine coincée, une Marie-France presque défoncée, et un Fabrice engoncé, pendant que Madeleine sur son fauteuil semble obstruée, attendant un Prout qui ne vient pas !
" L'apéritif était plus que parfait. "Comme le dit si bien Fabrice, ce à quoi je répondrais qu'il était est à l'imparfait ! Putain, ça y est je pète un plomb.
A table. Vin blanc servi dans le mauvais verre. Entrée. Gammares thaï et son beignet pelote. Crevette d'eau douce, et beignet de crevette et vermicelle chinois.
"J'ai mis de la sauce dans mon bénitier !" Nouvelle tentative érotique de Marie-France, qui passe totalement inaperçue. D'une part, je pense qu'il y a peu de croyant à cette table qui voudrait s'essayer à un signe de croix, et vu la gueule du bénitier même un adepte de la cravate de notaire se refuserait à mettre son emblème en un lieu si peu attractif. Et alors ? Alors c'est sûrement de la sauce, enfin du jus du beignet. Je constate que Nicolas n'a toujours pas appris à manger.
Animation. Marie-France s'est mise en pyjama, et c'est un jeu artistique. Il faut dessiner pour faire deviner. Bon, ce soir on n'a même pas les jambes de Martine qui restent serrées comme une moule religieuse qui aurait prononcé des vœux de chasteté. Ah, oui, un morceau de cuisse, la soirée s'anime. La pharmacienne deviendrait-elle un peu, enfin, juste un peu, eh bien non, on remballe, tout et à table.
Plat principal. Tajine de l'océan aux trois tomates et son soufflé méditerranéen, pignons et courgettes.
Et ça continue pour la lettrée maison "le tajine est cuit dans un truc, un bocal" Putain, elle doit être à la retraite depuis vingt ans et en plus elle est allergique aux tomates.
Et les convives, Mado en tête, qui font plus cas des capacités de l'hôte à plier une serviette façon lotus, qu'à cuisiner façon C.Lignac. Des petits !
Je note que" Marie-France n'a pas la langue en feu." comme le précise la voix off. Désolé !
Dessert. Carpaccio des îles et sa flûte maison, décoration avec une fleur de fuchsia. Ah, la flûte, on rejoint l'exposé d'hier sur Cogolin. Putain, ma banane sursaute, et me fait comprendre dans son langage imagé, qu'il n'en est pas question. Donc, carpaccio d'ananas, on sent le mec qui s'est pas trop fatigue, surtout avec de la glace à la violette. Pain sur la table avec le sel et le poivre. Je remarque que Marie-France n'a pas beaucoup touché à son dessert.
Les notes. 22 pour Marie-France. 21 pour Madeleine. 20 pour Fabrice. 19 pour Martine.
C'est Fabrice qui gagne cette semaine belge ! Marie-France vahiné plus tarte, c'est bon ça, que symbole sexuel, Madeleine croisement entre S.Joly et Marceau, je veux parler du mime, bien sûr, compromis entre Buster Keaton et le sex-appeal d'Alice Sapritch, qui donnerait le bourdon à un croque-mort, Martine qui veut rester jeune mais s'habille comme une mémère, qui hésite entre découvrir le haut ou montrer ses gambettes, mais reste campé sur des goûts archaïques, Nicolas, se mélange les pinceaux en voulant faire de grandes démonstrations culinaires comme ses voyages gastronomiques qui sont restés à quai, et un Fabrice, un peu faux-cul, pas toujours cohérent dans ses notes, ou peut-être trop, pour pouvoir gagner!
Mieux qu'à Amiens, cependant et puis au moins, on sait maintenant où se trouve Fléron !