UN DINER PRESQUE PARFAIT A MULHOUSE ! V
Quelle semaine. Le ski sans neige, le cavalier sans son cheval, le pou sans son riz et la reine sans sa couronne !
Vendredi, Audrey, visiteuse médicale, nous propose " Le royaume des lumières. "
Nous entrons donc dans le XVIII ème , le siècle des lumières. Putain, Voltaire, je ne pensais pas qu'un jour François Marie Arouet, une de mes idoles, soit présent dans une émission culinaire.
" Raison, tolérance, humanité " était sa devise, et "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire." Lui ayant été, sans doute, attribué à tort, peut-être par des francs-maçons qui en firent leur porte drapeau, cette phrase avec celle du temple de Delphes, le fameux γνῶθι σεαυτόν, connais toi toi-même, marquèrent ma jeunesse et dirigèrent ma vie d'adulte.
Je dois faire une remarque cependant. A la lecture du menu, je vois une dérive vers Louis XIV, qui est plutôt du XVII ème siècle, alors je ne comprends plus le titre du menu.
Chez elle. Maison de 1600 et des poussières, elle s'en fout, donc, contemporaine d'Henri IV. Grand salon, le blanc domine, un beau billard trône. Elle avoue de pas savoir y jouer et ne pas l'aimer. Comme beaucoup de choses d'ailleurs. Elle est toute là; le bling-bling, le faire paraître domine. Assez dépouillé, un carrelage damiers, un mannequin qui doit attendre le passage du bus, un placard d'époque, restauré, donc très beau!
Le grand roi séjourna en ces lieux et donc "Louis XIV a dormi chez moi!" raccourci avantageux de l'histoire. Un tapis peau de vache offert par son compte joint. Cela ne vous rappelle rien ? Chez Coralie, dessous les bottes de paille, l'histoire se renouvelle, enfin pas la même.
Oh putain, un renard lyophilisé, sur la table! Ça c'est le comble du mauvais goût m'as-tu vu parvenu. Alexandre et Audrey, même combat. Différence de moyens mais chacun est le leader dans sa catégorie. Sa cuisine, laboratoire, parce qu'elle est petite et qu'on ne peut mettre qu'une cuisine dans cette pièce. Merde, c'est une erreur, monumentale, on peut y mettre des grandes chiottes !
Les courses. Qu'entends-je ? Qu'ouie-je ? Marie Thérèse d'Autriche l'épouse à louis XIV sera sa tenue, parce qu'elle va organiser un carnaval, et que tout le monde sera déguisé en homme, même cette garce de Coralie qui l'avait affublée d'une tenue d'ouvrière de chez Michelin. En fond sonore c'est le XIX avec Johann Strauss, putain, il faut que je me shoote à la banane sinon je vais exploser. Son choix s'arrête sur une tenue tulipe fanée, façon fleur taxidermisée, pour être assortie avec son renard de chez babali's! Une perruque complètera cette tenue historique. Putain, il faut sauver Audrey. La vérité histoire doit triompher. C'est vrai parce qu'on ne sait plus qui déconne le plus. Bon, la voix off qui nous parle de la place prise par les pommes de terre dans la cuisine sous Louis le quatorzième, une hôtesse qui mélange élégamment certes, mais indéniablement les époques, mais il faudrait quand même respecter une certaine chronologie, voire même une certaine logique qui voudrait, et je m'en excuse, que Parmentier ne soit pas encore né à cette époque. Rapidement, amis de la culture, bonsoir, je vous prie de considérer que je me trouve dans l'obligation de vous déranger pour des broutilles, mais là, les limites du bouchon de l'aquarium du poisson sont un peu exagérées. En effet ; cet homme illustre naquit seulement en 1737, et il s'en excuse fort, alors que le roi Louis était mort et en purée, depuis 1715. Alors lorsque notre hôtesse, pleine de culture, nous fait une comparaison avec le caviar, je me gausse discrètement. Même ma banane est plus calée en histoire.
Je note que la marinade a été faite la veille. Et nous découvrons, en même temps qu'elle, la composition des chapelets de viandes. Le personnel est génial! Visiblement, elle ne se démonte pas devant les caméras et explique assez bien ce qu'il m'étonnerait qu'elle ait préparé elle même.
Décoration de table. Nappe bleue. Assiette de présentation imitation or en pur plastique véritable. Argenterie posée aléatoirement à la va comme je te pousse, comme ça tombe, ça reste. Verres en Crystal, rebord doré. Nous sommes à la cour du roi Babali premier, faut pas déconner. Les sièges en plastique transparent complètent l'ensemble haut de gamme. Des soleils stylisés. J'oubliais les éventails en plumes bleues pour les hommes et roses pour les femmes qui rajoutent une note 'classieuse' à cet étalage de 'plouqueries' estampillées bon goût, car il m'étonnerait fort qu'ils fussent en plumes à la cour du roi des perches, et ce n'est pas le billard qui va redonner quelques touches de crédibilité à cette tentative de décoration historique, même si c'est un billard Louis XIV, car que je constate avec une stupeur non dissimulée, ma banane en est le témoin, que son tapis n'est pas vert, je parle de celui du billard, bien évidemment !
Customisée en reine avec son o cedar inanimé sur la tête, elle se mire dans le miroir et je constate qu'elle a l'air d'une alsacienne. Les invités arrivent. Coralie ne peut réprimer un sourire en la voyant ainsi attifée. Raphael avec un bouquet de chrysanthèmes qui baise la main tendue, sans respect de protocole. On ne touche pas une main royale, même du bout des ses lèvres humides, putain ça m'excite, quand je parle de lèvres humides. Alexandre, en tenue du dimanche, aque la cravate, et un beau sac en bandoulière. Jean-François toujours classe. D'un commun accord unilatéral elle ôte son scalp chauffant et déguise chaque membre de son aréopage. En voyant ainsi Coralie, en homme, je me dis que je ne serais pas contre, tout contre, une expérience homosexuelle.
Apéritif. La figue et sa cour. Une verrine à base de foie gras, boudin et figue cramé.
Champagne pour les manants et pour alexandre, une boisson anisée et bleutée qu'elle goûte en trempant ses lèvres royales au mépris de toute dérogation à l'étiquette de la bienséance. Merde, il doit y avoir des goûteurs de prévus, c'est la cour ou le foutoir ? Et c'est quoi ce truc marron, collé sur le verre, pour en masquer une pub désobligeante ? Les verres apparaissent comme par magie.
Le début du sabrage et des règlements de compte va commencer.
Une prise de vue me taraude. Ils sont tous les cinq assis sur le canapé à gauche une robe bleue sur un mannequin et à droite on voit des pieds étrangers. Le mystère des pieds inconnus! Vais-je dormir cette nuit ?
Historique de la maison par une hôtesse qui est complètement démotivée, seulement intéressée par le côté m'as tu vu. Coralie s'en fout aussi, JF est scié, il aime l'histoire. Audrey est fière d'elle, elle fait impression sur un auditoire qui a l'air de boire ses paroles, mais dès qu'on approfondit le sujet, elle signale qu'elle n'est pas une passionnée d'histoire, on s'en était aperçu.
Animation extérieure. Il y avait un billard propice à une animation en adéquation avec l'époque choisie. Mais non on se lance dans des jeux tous aussi débiles qu'anachroniques qui ne confirment que la classe indéniable d'un Alexandre très bienheureux. Il gagne le droit de faire le tour du pâté de maisons en chaise à porteurs, cependant je crois bien qu'à cette époque la noblesse circulait plutôt en carrosse. Ubuesque !
A table. Remarques des invités sur les couverts. C'est la semaine des cheveux, des poils, des plumes, non des poils de chats, j'ai eu peur avant qu'ils ne parlent d'animaux....heureusement que Raphaël lui a donné un coup.....dans le verre. Coralie, qui a enlevé sa tenue rouge, nous montre ensuite une serviette douteuse. Oh, c'est chaud ! Alexandre qui a des chats comprend la situation. Oh, putain je n'irai pas manger chez lui.
Entrée. Une sortie d'automne avec le roi soleil.
Le plus sérieusement du monde, Raphaël nous annonce que nous sommes vendredi et qu'il penche pour un filet de perche soleil. Putain, à quoi ça set que les historiens nous emmerdent avec le roi soleil, si des fonctionnaires de police le prennent pour un poisson et en plus pour une perche soleil qui ne doit pas faire plus de vingt centimètres. Oh putain, j'ai la tête qui me démange la maladie des footeux devient contagieuse. Jamais entendu parler du XIV ème qui doit sans doute rester un arrondissement de Paris.
Un méli mélo de champignons, velouté de potimarron aux éclats de châtaignes.
Comme chez Coralie, qui n'hésite pas à crier au plagiat alors que les menus sont présentés sans connaître ceux des autres. Alliance assez évidente entre JF et Coralie; bizarre!
Plat principal. La potée de Louis. Baeckoff sans agneau pour Coralie. La salade en garniture apportée sans assiette dessous. Elle n'a pas de vin d'alsace mais un bordeaux, servi dans le mauvais verre, et c'est la levée des boucliers de l'assistance médusée, les convives outragées manifestent leur mécontentement devant ce crime de lèse alsace meurtrie. Putain, qu'on la guillotine ! Alexandre se prend les pieds dans la barre trop haute. L'agneau a disparu, il n'y a que du porc, merde c'est le schisme au sein de l'œcuménisme précaire de circonstance
Dessert. L'or noir de Marie-Thérèse d'Autriche. Pain sur la table.
Dessert qui fait l'unanimité; ouf !
Les notes. 24 pour Alexandre qui gagne un fondant. 17 pour JF. 15 pour Raphaël. 13 pour Coralie qui termine sur une mauvaise impression en notant méchamment. C'est beau le fair-play, il se mange chaud.
C'était le siècle des lumières comme l'indique le titre farfelu ! Elles étaient à table comme le signale un Alexandre qui ne l'a pas inventée .
Coralie gagne donc, mais il me reste un drôle de gout en bouche. Audrey ne méritait pas ce petit règlement de compte, même si elle n'est pas exempte de tous reproches !
JF a été sous-noté, Alexandre n'avait rien à faire dans cette 'compétition'!
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