UN DINER PRESQUE PARFAIT A TOULON ! IV
Jeudi. Je suis rentré assez tard hier et parti très tôt ce matin. Eh oui, le boulot…..je n’ai pu voir que rapidement cette soirée d’Antoine le fonctionnaire, chez un copain qui avait le replay.
Les feuilles de magasines arrachées dans les salles d’attentes où il bouquine des bouquins, ou découpées dans les journaux et pendues au clou des toilettes au fond du jardin….. Une réécriture de Forrest Gump, à la française, un saint Jean bouche d’or qui s’étonne lui-même de provoquer un rire chez ses invités…. une soirée bizarre qui me mettait mal à l’aise devant une telle glissade vers la parodie d’un repas, avec un hôte plus proche de la caricature que de l’humour véritable. Le titre de son menu : Cuisine résolument toulonnaise.
On voit, d’entrée que c’est un entraineur de foot, il nous affirme, en parlant de la cuisine, que c’est aussi dur que de faire un match de foot ! En voyant le résultat final, je me dis que si mon fils était dans son équipe, je le changeais d’entraîneur !
Surtout que son repas va être axé sur le rugby club de Toulon. Enfin, plus rien ne m’étonne, même qu’un footeux fasse un repas sur le rugby !
Pour les courses ; visite rapide du fabriquant de steak d’autruche.
Chez lui, il nous présente sa salle à manger. Salut, ça va ? Pas trop de tableaux sur les murs.
Cuisine ouverte. La vanille, c’est comme la banane, le meilleur est à l’intérieur. Je constate qu’il a un appareil à séparer le blanc du jaune d’œuf, mais il préfère revenir à l’ancienne méthode, beaucoup plus simple pour lui, puisqu’il suffit de jeter le blanc !
Nouvelle version de la cuillère à gouter. Et un, on trempe, et deux on goûte, et trois on replonge pour mieux mélanger la salive restée sur la cuillère.
C’est plus qu’un ravi, c’est une bellugue ! Un peu comme le représentant de commerce de la une qui nous offre son plus beau sourire après un documentaire sur l’art de la capture des escargots de haute Bretagne juste avant la dance nuptiale de la femelle qui vient de s’apercevoir avec stupeur, qu’elle était hermaphrodite.
Séquence choc. Dans un coin oublié de son cellier, ou frigo, ou autre, quelques cèpes abandonnés finissent de pourrir tranquillement. Par cette odeur de putréfaction relâchée, des vers en vadrouille par ces effluves alléchés, décidèrent de dresser leur campement pour copuler à l’ombre de ces relents excitants pour des femelles en rut, qui n’écoutant que l’appel du mâle se trainant, se tortillèrent vers cet espoir d’accouplement orgasmique. Heureusement que les caméras étaient là, sinon, c’eut été un Parmentier de lombrics ou d’asticot en goguette, ou autres oxyures en mal d’orifice.
Mais en y regardant de plus près, je m’aperçus, avec surprise, que les exemplaires conservés étaient des girolles ! Putain, bravo les mycologues !
Décoration de table. Nappe blanche, deux écharpes des supporters du club de rugby. Assiette de présentation verte. Assiette noire. Serviette qui sert d’emballage à un bouquet de muguet …en tergal ! Vase avec trois roses rouges first red et bergrass. Des bougies, un ballon de rugby, verres mal placés.
Les invités arrivent pendant qu’il est en train de mettre la touche finale à sa préparation.
Paule, bras ballants, écharpe du RCT, chemisier rouge et pantalon noir. Chantal, en blanc et noir, avec un cadeau. Julien, carnavalesque, maillot, serre tête, ballon, œil au beurre noir, jambe bandée, protège dents. Anne, guignolesque, drapeau, casquette, ballon, short et maillot. On nage en plein déconnage. Un dîner déguisé, ohé, ohé, Nice n’est pas loin !
Apéritif. Petits délices de la troisième mi-temps. Il apporte les verres sans plateau, avec un mélange Cognac- poire William, excellent comme digestif, mais un peu hard pour débuter.
Des noix de saint jacques marinées, dans une verrine. « Je ne savais pas que j’aimais ! » une révélation empreinte de réalisme d’Anne ! Putain, j’espère qu’elle ne va pas les mordre ! Avec ses yeux baissés, ses mimiques agressives, et sa voix qui s’élève, on dirait qu’elle va attaquer.
Julien tente d’expliquer sa tenue, mais visiblement tout le monde s’en fout, et surtout Antoine qui fait sortir toute la troupe pour l’animation.
Cri de guerre du pilou ! C’est, je suppose, le cri de guerre des supporters toulonnais. Ensuite, c’est un tir de transformation entre les perches pour lilliputiens en mal d’exploit. Putain, le ridicule ne tue pas !
A table.
Entrée. Mêlée provençale en maillot rose. Au milieu d’une tomate coupée en deux, de la tapenade, des tranches de bacon et du chèvre en dessus. Une verrine de betterave, mais d’où sort la cuillère ? Et où est parti le vase ?
Merde Chantal, fais attention à ta façon de tenir tes couverts. Je remarque qu’en cuisine, le bordel prend le dessus !
Plat principal. La transformation de l’oiseau à plumes. A côté du pavé d’autruche, un tas de riz écroulé, des girolles rescapées, et on dirait des culs de tomates. Je veux juste expliquer, pour apporter de plus amples renseignements au titre du menu qui fait référence à la cuisine locale, que pour capturer une autruche varoise, il faut se lever de bon matin ! Cependant il faut faire attention au mâle excité car, amis de la culture bonsoir, je signale à Antoine fort intéressé que cet oiseau est le seul a posséder un organe copulateur, avec les anatidae !
Et maintenant, Julien qui croit deviner dans la présentation de l’assiette, un arrangement proche de la silhouette de la tête de l’autruche. Putain, c’est le délire, comme celui qui croit voir des images dans les nuages, Julien s’imagine une tête d’autruche qui se dessine dans l’assiette. Il y a peut-être des vers qui ne sont pas morts et qui remuent !
Dessert. Le bonbon marque l’essai. Dommage pour cette assiette carrée posée sur l’assiette ronde ! Le pain est resté sur la table. Est ce que les cuillères sont les mêmes que celles de l’entrée ?
Les notes. 22 pour Julien le symboliste fatigué. 21 pour Chantal et Paule. 17 pour Anne qui se préserve pour demain.
On est très loin d’un dîner, presque parfait ridicule, l’émission est en train de couler. Ils ont ri, peut-être influencé par un apéritif digestif qui les a grisé et mis dans des dispositions favorables pour accepter cette mascarade de repas !
On a vu le top: l'autruche toulonnaise, une nouvelle spécialité locale!
Et le pire, c’est qu’il prend la tête !
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