LE SABLIER !
On est arrivé avec un sablier sur nos têtes. On ne le voyait pas parce qu’il était rempli du vide des souvenirs que nous devions créer, rempli du vide de notre mémoire pas encore active.
Et puis ce temps, que nous ne connaissions pas, nous a fait apparaître la couleur des grains de ce sable imaginaire. Nous avons appris ce que la fuite des heures et des jours signifiait. Les personnes qui nous entouraient se sont transformées. Nos miroirs sont devenus plus flous et moins flatteurs.
Cette jeunesse que nous supposions éternelle s’est craquelée pour laisser apparaître les manques que ce temps avait sculptés. Le sablier s’est rempli du vide laissé à l’extérieur. Notre mémoire trop pleine a commencé à ouvrir les vannes de l’oubli. Les gens qui nous entouraient se sont dissouts dans les vapeurs du passé. Nos espoirs sont devenus des doutes, les doutes des craintes et les craintes des certitudes. Les certitudes de la jeunesse et celles de la vieillesse se rejoignant dans la conviction certaine de notre propre ignorance.
Et puis un jour il y aura beaucoup de nos amis dans ce sablier, alors nous saurons que le temps nous a rattrapés !