IDENTITE NATIONALE !
Un salut furtif au brancardier, un grand brésilien mulâtre, beau mec sympathique. De la chambre au bloc, à travers le labyrinthe des couloirs et des salles, il zigzague tel un pro. On m’installe au centre, les bras en croix, des tuyaux, des pinces. La tension qui monte. L’anesthésiste balance quelques vannes ; encore vous ! Putain, c’est la quatrième fois ! Je ne vous présente pas Mercedes, l’infirmière du bloc ! Un sourire réciproque, rapide. Le chirurgien arrive, j’ai confiance en lui. De toute manière…..
Petit, lunettes, il est peu exubérant, comme tout les asiatiques !
Merde, je pensais que tout allait bien, enfin, mieux !
Il m’est très difficile d’écrire régulièrement à l’ordinateur. Allongé dans le salon, je tape sur un portable à la vitesse d’un escargot lancé au galop ! Les idées se bousculent dans ma tête mais mon corps ne suit pas.
Jeudi, une visite de contrôle et on m’annonce une nouvelle intervention, bénigne, certes, mais je dois encore passer par la case admission ! Je ne vais pas voir un dîner presque parfait.
Et me voila de nouveau dans cette position christique. J’attends l’injection qui va me faire tout oublier. Cette fois encore, je me dis que je vais lutter et que je vais contrôler ce départ.
Elle me parle doucement, elle me dit que tout s’est bien passé. Je l’entends vaguement, sa silhouette devient visage. Dans mon lit, elle branche mes perfusions et j’apprends qu’elle est tchétchène.
Les infirmières de nuit prennent leur service. Tiens, elle est de Toulon, elle vient faire des excursions cannoises, comme elle dit !
Une belle africaine vient me prendre la température et la tension, toutes dents dehors et tresses en bataille, elle ondule mais elle est en pantalon. Bon, le fantasme des infirmières nues sous leur blouse n’excite pas ma libido !
La nuit est longue. Le bip-bip des appareils de contrôle, le va et vient fantomatique des infirmières appelées par quelques patients inquiets, putain, c’est long ! Pas de repaires, le craquement de mes poutres, les bruits familiers de mon quartier, des lumières étranges, des objets inconnus, et ces aiguilles qui ne bougent pas !
Presque sept heures. Depuis une heure, les services s’éveillent lentement. Une magrébine m’apporte le thé, pain et beurre. Merde, elle est belle, jeune. Enfin, pour moi… elle ne m’a pas remarqué. Il y a quelques années….. Putain, mais tu t’es vu ? Avec les tubes qui pendouillent et s’enroulent autour de ton bras, tes cheveux mal peignés, ta tenue érotique de cuisinier libidineux, ce corps de sportif privé d’anabolisants !
Elle est sûrement timide !
Cannois de père en fils, depuis quatorze générations, je suis un pur français de souche. Dans la merde ! Et que serais-je, sans ces hommes et femmes d’origine étrangère, venus un jour, pour des raisons inconnues, se mêler à cette terre dans la quelle, un jour aussi, nous serons tous réunis ?