UN DINER PRESQUE PARFAIT A AJACCIO ! V
Vendredi : Corinne, professeur d’italien. Robert Louis Stevenson doit être son auteur préféré. Orgie culinaire le vendredi et chieuse chipoteuse le reste de la semaine. BCBG la semaine et mama casseroles le vendredi. Elle se la joue docteur Jekyll et mister Hyde.
« Elle ferait tout pour réussir » paroles sibyllines et non moins visionnaires et réalistes de son élève.
Visite de son appartement témoin. On s’aperçoit immédiatement de ses centres d’intérêt. Visite guidée de son canapé, de sa fontaine lampe zen apaisante, de son fauteuil sur sa terrasse où elle peut se faire bronzer s’il n’y avait pas ce putain d’olivier que personne ne taille. On est loin des fausses questions métaphysiques de l’hôtesse d’hier. Ce soir c’est une question beaucoup plus terre à terre qui va monopoliser ses pensées philosophiques.
Pendant toute la soirée sa principale préoccupation va être de surveiller la lente descente de sa robe sans bretelle qui risquerait de laisser ses seins s’échapper hors de ce fourreau dans le quel ils sont enserrés.
D’ailleurs, même sa table est assortie aux couleurs de sa tenue.
L’épisode du bruccio est très significatif. Nous savons que Corinne a fait ses lasagnes au vrai bruccio. Paule n’en a pas trouvé, puisque ce n’est pas la saison. Elle a monté un bateau improbable et pense avoir roulé ses hôtes qui étaient cependant complaisants et avaient fermé les yeux sur la supercherie. Marie-Antoinette, elle aussi, pense qu’il n’y a pas de bruccio. Les deux femmes sont donc persuadées qu’il ne peut pas y en avoir. Personne n’est donc capable de différencier le bruccio de la brousse. Tout l’échafaudage de leur goût culinaire s’écroule par la non reconnaissance de leur putain de témoin fromager. Tout leur univers est bâti sur le vent des saveurs qu’ils n’ont pas. Franck n’aime pratiquement rien de ce qui est insulaire, mais il veut, à tout prix faire bouffer de son fromage habité à Cédric, pour faire de lui un homme. Comme ce dernier est malade et a perdu de sa sapidité, il pense que ça passera mieux. Il avoue donc explicitement que ce fromage de merde n’est pas bon !
Pendant le dessert, je regarde Marie-Antoinette entrer et sortir la cuillère de son tiramisu, la secouer et l’égoutter et chipoter pour n’en manger que des miettes, je l’écoute ensuite râler parce qu’il n’y avait pas eu de musique et qu’elle n’avait pas pu s’éclater en chantant.
Je regarde les notes 21 pour Cédric qui est un brave type, 21 pour Marie-Antoinette. 20 pour Paule et 19 pour Franck.
Paule a gagné cette semaine des faux-culs.
Amis de la Corse. Ceci n’était qu’une fiction. Tous les personnages qui ont évolués cette semaine devant vos yeux étonnés n’étaient que des prototypes de caractères définis. Toute ressemblance avec des personnes réelles ou ayant existées ne serait qu’une pure coïncidence ou un hasard extraordinaire.
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