DES GOÛTS ET HAUT LE CŒUR !
J’ai toujours été étonné par ces français qu’on trouve aux quatre coins du monde.
Un tantinet égocentrique et fortement cocardier, chauvin est peut-être plus approprié, le français se déplace moins que l’anglais, par exemple, mais reste beaucoup plus près des peuples autochtones en fréquentant les clubs méditerranés.
Sa cuisine est la meilleure, quel autre pays pourrait le menacer ? Ces barbares asiatiques qui viennent attaquer nos pizzas avec leurs nems de Bretagne ? Ces italiens qui avec leur minestrone veulent rivaliser avec notre soupe au pistou ? Où ces anglais qui se permettent de venir critiquer nos escargots ou nos cuisses de grenouilles alors qu’ils se délectent de leurs fromages plâtérisés ?
Qui sont ces manants du reste du monde qui viennent déblatérer sur nos escargots polonais, notre foie gras roumain et nos cuisses de grenouilles venues de je ne sais plus où ?
Aux armes gastronomes, soyons fiers de notre particularité culinaire ; le steak frite salade !
Levez vos bataillons, vous qui vous croyez les maîtres du goût mondial.
Le pire, c’est que n’importe où vous les trouvez, devant les magnifiques spécialités locales : les fourmis d’Équateur ou du Pérou, aussi fameuses que notre caviar bordelais, les sauterelles grillées d’Afrique centrale, les tranches de serpent grillées au feu de bois avec sa cassolette de coléoptères d’Amazonie, au restaurant local, le coq tricolore demandera presque toujours sa spécialité comme si chaque habitant de ce monde varié devait connaitre sa particularité !
Devant un plat qui lui semble étranger, il détourne la tête plus par cette habitude d’être considéré par lui-même comme un expert culinaire qui ne saurait se commettre à manger ce qu’il prend pour de la merde, que par cette vision de plats étranges dont il ne connait rien !
Autant nous nous flattons, hors de nos frontières, d’être des dieux en matière culinaire, autant chez nous, nous sommes timorés pour la cuisine que nous concoctons dans nos chaumières.
Notre vue tuerait-elle notre palais en refusant de lui faisant prendre l’opacité des vessies des gallinacées pour la noirceur des lanternes de la truffe ?
Quand, lors de certaines émissions médiatiques, nous voyons ces héros manger avec dégoût des tarentules, ou des chenilles sapelli bien grasses et dodues, un haut le cœur nous surprend sans que nous soyons le moins du monde étonnés parce que d’autres éprouvent ces mêmes écœurements en nous voyant saliver devant nos tripes à la mode de Caen préparées, ou pire devant ce bruccio, habité parait-il, dont les Corses raffolent !