UN DINER PRESQUE PARFAIT A ROUEN ! V
Vendredi, Alexandra, organisatrice de mariage, ah, à Rouen, enfin, mais c'est pour faire sa pub. Sa grand-mère cuisinait, ah, original ! Elle va nous faire un menu sur le mariage, un theme pratiquement imposé, elle veut se faire plaisir sur un terrain connu.
Les courses. Chez la fleuriste sa copine qui lui propose une composition en hauteur dans un vase transparent avec tombée d'arums travaillés et de roses first red et des plumes. Un centre de table dans le même esprit et des boutonnières montées avec un ustensile pour les accrocher au revers des habits. Et la voix off qui appelle la fleuriste commerçante, je pinaille mais elle est artisane et la voix off n'est qu'une sonorité abyssale baratineuse à la logorrhée putride, visqueuse et totalement inculte. Je lui signale également que le fil dont la fleuriste se sert pour entourer la rose, n'est pas argenté rouge mais plutôt en laiton ! Bingo, hier j'avais raison, nous sommes aux alentours de noël, il y a un sapin givré devant la porte de la boutique.
Chez le boucher, elle aussi demande des conseils à l'homme de lard, enfin, à sa femme.
Un peu de pub pour 'ses créatrices'.
En cuisine. Oh, un beau pachira tressé, il n'y a pas longtemps qu'il est là. Pas assez de lumière et il est magnifique. Un bambou finit de cuire sur le spot. Avec un beau pull, le pantalon n'est pas mal non plus. Bizarre, hier on a vu des hellébores, aujourd'hui des tulipes hollandaises dans un vase, et pourtant elle prépare des figues et des framboises et des poires. Il y a un truc.
Et la voix off qui s'obstine à prononcer 'chotney'. Putain, il est beau son pull et avec Kate Bush en fond sonore, et avec la caméra qui descend, je regarde ma banane avec nostalgie et quand elle parle de purée et monte ses blancs en neige, oh, oh, et sa ceinture qui se soulève, putain, la chantilly m'excite.
Décoration de table. Nappe taupe de cérémonie. Centre de table de la fleuriste. Pétales de roses rouge, les verres à eau rouges. Bof. La table n'est pas assez large pour une telle décoration, il faut au moins, un mètre vingt et ce n'était pas le cas. Dragées rouges dans des bulles. Couverts à poisson mais pas d'assiette à pain. Le pain, en tas en bout de table, c'est pas terrible.
Des antennes dans les cheveux, des lacets dans le dos, une jupe serrée, les cheveux tirés, putain, le pot, un beau collier, elle allume ses bougies, merde, la chance.
Ils arrivent. Florian moquette, en cravate, on dirait un pantin enmariagé. Jacques tout beau et bien coiffé, tout rouge et avec un cadeau. Clémence, voix de Miou-Miou, en pot de fleur avec un O Cedar sur la tête, non, un filet à papillons, non, une protection pour les apiculteurs, sa robe de mariage assez échancrée, putain, il y a des grands-mères plus excitantes. Et les godasses, vous avez vu ses tatanes discrètes ? Et elle dit qu'elle rentre dans sa robe de six mois, putain, si elle se voyait de dos ! Sébasuntuletiens deux on se casse, avec un gilet et une belle chemise façon philosophequivaprêcherlaguerre.
Boutonnière pour tous. Et des critiques de merde pour des invités baveux et vindicatifs qui lui reprochent de trop en faire. D'ailleurs, un autre philosophe de casto, pense qu'il ne peut y avoir qu'un seul mariage, le sien, et qu'il ne veut pas en revivre un autre. C'est vrai ça, il faut respecter l'authenticité, mais alors pourquoi il se déguise en rugbyman? Putain, est-ce que tous les sportifs sont lobotomisés ? Et miss sans selle qui nous raconte, le plus sérieusement du monde, assise sur les chiottes, avec son PQ sur la tête, qu'il ne faut pas faire trop de cérémonie et ne pas garder le côté solennel du mariage. Putain, elle y a réussi !
Apéritif. Rencontres des saveurs entre terre et mer. Champignons farci, chutney ananas et foie gras poêlé, purée froide de petits pois et crevette, tartare de deux saumons, frais et fumé et mousseline de fromage.
Un champagne italien rouge pétillant, un Brachetto d'Acqui, je reconnais la bouteille. J'adore. Je le conseille à ceux qui n'aiment pas l'alcool, comme moi, à part bien sûr, les vins sucrés, désolé. Florian nous fait un caca franchouillard sur la provenance d'un champagne pas français, il préfère sans doute un bordeaux argentin. Bon, c'est un peu simple, d'accord, et la présentation est un peu légère. Mais ils critiquent tous des plats qui ne font pas assez cérémonie, selon eux. Je trouve d'ailleurs qu'ils sont très pinailleurs et critiques sur tout, puisque deux minutes avant ils nous bassinaient avec l'inverse. Je remarque que Jacques critique également mais en y mettant les formes, ce sont plutôt des conseils.
Animation. Au sous-sol, essayage de fringues pour cérémonie d'accouplement. L'homme se pare de ses plus belles couleurs, mais le sportif n'aime pas les déguisements, c'est un homme, qui n'aime pas son côté féminin. Je me méfie toujours des hommes qui ont ce genre de problème. Ils doivent en avoir peur. D'ailleurs il utilise le verbe 'se travestir ' au lieu de 'se déguiser ' Ritoncomplexologue. Putain, il ne se rappelle pas de son accoutrement ridicule chez lui. C'est carnaval avant le mardi gras. "J'suis pas modèle, j'aime pas poser !" aveu de Riquet. Je confirme qu'il n'est pas un modèle. Ritonfélinologue.
"Ça ne fait z'aucun doute" la voix off confirme mes appréciations. Ritonconfirmatiologue !
A table. "C'est tout ce que je ne voulais pas pour mon mariage. " Nous avoue Clémence. Putain, après avoir vu son chapeau et sa robe...de dos, et de face, j'en doute.
D'après Clémemmerde les verres sont à l'envers. Non, le verre à eau est bien placé, à l'extrême gauche et son raisonnement est complètement ridicule, en parlant de la taille, enfin, s'il n'y avait que son raisonnement. Par contre, visiblement l'hôtesse ne connait pas le dressage correct et elle ne peut lui répondre clairement pour la remettre à sa place, c'est un euphémisme. Personne ne remarque pourtant que le verre à vin blanc ne doit pas être au milieu mais à droite. Et personne ne fait remarquer à Sansel qu'elle tient ses couverts comme des truelles.
Entrée. Les fiançailles d'un coquillage et d'un légume. Poêlée de saint jacques, fondue de poireaux. Belle assiette mais encore une fois, petite présentation.
"Beurre de maitre d'hôtel " Non, Alex, beurre maître d'hôtel. Sans sel pour faire plaisir. Sébastien lui en fait le reproche, ça c'est petit !
Et la totale "Pourquoi n'as tu pas fait à part pour moi ? "
Putain, Alex, mais dis lui " Et toi, pourquoi t'as pas fait aussi à part chez toi " Écrase lui les poireaux sur la tête, merde dis lui d'aller voir au sous sol si elle n'a pas oublié sa coiffure de cérémonie. J'aime aussi le corail. Par contre on enlève le pied des saint jacques. Florian qui nous parle du corail alors qu'il n'avait jamais en avoir vu avant. Putain, c'est un règlement de compte.
Plat principal. Le mariage entre une volaille et une abeille. Magret de canard sauce au miel, figue ouvert, purée de pomme de terre à l'olive noire saupoudré de fromage et dans un poêlon. Pas terrible, pas festif. Il valait mieux faire le service au guéridon, ou laisser les convives se servir eux-mêmes. Et maintenant on lui reproche d'avoir mis des olives alors qu'elle ne les aime pas. Putain, le regard d'Alex lorsque Clem lui parle, enfin, l'assaille presque de ses paroles venimeuses. Le rugbyman de jardin trouve son canard trop saignant.
Dessert. Lune de miel entre mousse et fruits défendus. Pièce montée de verrines. Tiramisu framboise nuage chocolaté, figues et poires recouvertes de crème.
C'est trop pour Sébastien. Ah, la voix de Miou-Miou, seulement la voix, ne sent pas la figue, putain, heureusement, j'adore les figues.
Et la composition centrale qui passe en bout de table, qui revient au milieu puis qui disparait. Fatigant. Et l'autre composition dans le vase qui a complètement disparu.
C'était un repas correct, sans plus, pas le nirvana, mais pas la cantine, elle voulait leur faire plaisir, elle était peut-être à côté de la plaque, surtout maladroite en croyant que parce qu'elle organisait des mariages, elle avait de l'expérience. Mais ils étaient venus pour la descendre comme pour Jacques hier.
Son repas était moyen, certains diront que ce n'était pas du champagne et d'autres raconteront qu'elle essayait de leur faire découvrir un vin nouveau. J'ai assez bourlingué pour vous dire que dans le monde, il existe beaucoup de vin avec l'appellation, champagne, bordeaux ou autres, du Chili en passant par l'Argentine pour finir par la Californie et j'ajouterais que ce sont souvent des français qui les ont initiés. Je passerais également sur les camemberts et autres fromages aux noms français qu'on peut rencontrer en Amérique du sud et pour finir je ne parlerais pas de toutes les autres contrefaçons de nos produits, et je signalerais que c'est beaucoup de notre faute puisque souvent c'est nous qui demandons à d'autres pays de nous les fabriquer en bradant notre savoir faire au profit d'une main d'œuvre délocalisée, la dernière en date étant nos fameux avions avec plans et usines en primes, à notre grand et nouvel ami la Chine, qui bientôt nous fournira aussi, pourquoi pas, un nouveau président.
Les notes. 17 pour Jacques. 16 pour Sébastien. 15 pour Clémence. 12 pour Florian.
Une semaine d'emmerdeurs, de chieurs et de ploucs. C'est la première semaine où ils étaient en horde. Je pensais qu'Alexandra était mise à l'écart à cause de ses notes un peu vaches, mais ce soir j'ai eu de la peine pour elle tant leur acharnement était évident et malsain. Je signale qu'elle n'avait saqué que Florian.
Clémentine sans sel atteinte du syndrome de la chieuse qui se la pète. Sans sel, elle râle, s'il y en a, elle se sent agressée. Putain, sans selle, son mari n'est pas Sanson, mais ça doit être dur. Elle ne voulait pas de sel, elle n'en a pas eu, mais elle voulait aussi qu'on lui remplace les saint jacques, et pourquoi pas une carte particulière, en plus. Mais surtout, ce qui était horrible, c'était sa jalousie, presque haineuse, devant la conception du mariage, version Alexandra, qui ne lui plaisait pas, alors ses yeux sont devenus des canons et sa bouche une machine à baver du venin. Je pense, peut-être, qu'elle ressortait toute sa rancœur de ne pas avoir eu une telle cérémonie. Florian inculte, plouc et sportif dans toute sa splendeur, ignare et faux cul. Trop gros pour faire du foot, trop petit pour le basket, pas assez musclé pour la boxe, trop raide pour le volley, alors il doit couper les citrons à la mi-temps des matches de rugby, d'où sa collection de maillots pour ne pas salir son beau short !
Sébastien jaloux et vindicatif, qui ne supporte pas les critiques, mêmes légères et se sent attaqué à la moindre remarque constructive. Jacques est resté sympathique et correct.
Le bal des petits et des mesquins !
Putain, ne me dites pas qu'ils vont se revoir !
Ce qui m'a frappé c'est la méchanceté que j'ai lue dans leurs yeux !
Ils sont venus uniquement pour casser.
Jamais vu une telle concentration d'imbuvables sans modération !
Bon, je les ai habillés, mais c'est pas moi qui ai commencé !
Les ai-je bien descendus ?
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