UN DINER PRESQUE PARFAIT A CARCASSONNE ! V
Vendredi, Martine, et sa soirée qui passe un soir de réveillon, il ne va pas y avoir foule devant le poste de télévision. La bourge, comme ils l'appellent, entrée dans ce milieu de petits patrons de l'alimentation, qui a une maison d'hôtes et qui est obsédée par le chiffon et qui n'aime pas le graillon. Tu m'étonnes avec des charcutiers et un boucher, qui ne doivent parler que de graisses.
Et l'autre, qui le premier soir l'humilie publiquement en lui faisant porter un masque, en lui demandant de crier comme un cochon. On sent la rivalité de ces deux femmes à l'éducation éloignée, alors joue-t-elle le rôle de la snobinarde, par défense, pour se démarquer ? Petit problème, également, avec sa fille qui l'appelle 'Martin', bizarre. Comment peut-on être plus affectueux avec sa mère qu'en l'appelant tout simplement maman ?
Alors, une soirée règlement de compte ou un dîner pour épater la galerie familiale et en particulier sa rivale, la belle sœur au nom de fleur ?
Thème monochrome. Le titre de son menu. Elle va se diriger vers le noir pour tromper son monde qui la voyait en blanc. D'ailleurs, à aucun moment, et à commencer par la représentante de la protection du mouton qui bêle, ou de sa fille poulette au four, personne ne peut imaginer qu'elle ne puisse faire autre chose que du blanc. Elle est donc jugée et cataloguée par des gens qui se fient à ce qu'ils pensent et plus à ce qu'ils vont voir.
Chez elle, grande maison, style bastide, grandes pièces, poutres apparentes, large entrée, grandes portes, beaux meubles, murs en pierres, dommages pour le poêle dans cette vaste cheminée. On comprend un peu la rivalité avec la Pâquerette. On ne joue pas dans la même cuisine. A ce propos, elle est très grande, aussi. Une autre grande cheminée, beau piano. Petit salon pour l'apéritif. Sûr que la fleur doit perdre des pétales en entrant dans ces lieux et en voyant qu'elles ne sont pas du même milieu.
"Martine, c'est ma maman, c'est quelqu'un qui m'est très cher, c'est ma meilleure amie ! " Leslie, tu peux mieux faire pour parler de ta mère.
Enfin, ça me gonfle un peu d'écouter ses règlements de compte qu'elle étale comme les chiffons qu'elle passe pour nettoyer la toile cirée qui recouvre sa table ou ses tocs sur les matières grasses qu'elle ne peut pas toucher. Elle nous parle de propreté de rangement alors que la veste mise pour faire les courses est toujours sur le dossier d'une chaise de la cuisine et risque d'être salie par les projections d'aliments ou autres produits. Un peu de cinéma, donc. Mais qu'est-ce qu'elle parle ! Je me demande même si nettoyer ne l'emmerde pas ?
Décoration de table. Nappe taupe stressée, broyeuse, qui a le blues. Assiette de présentation et assiette ronde transparente. Assiette à pain à droite, oh ! Une composition florale centrale de boutons de red baccara à touche-touche. Le sac avec une orange plantée de clous de girofle, au dos de chaque chaise ; bof. Simplissime. Elle va s'arrêter de se plaindre ! C'est pas la bourge, c'est la pleureuse qu'ils devraient la surnommer, merde, épuisant.
Ils arrivent tous en convoi, les bras chargés de cadeaux, ce sont les rois mages ; Bazard Leslie, Melchior Pâquerette, Adien Gasparoff, venu de Russie avec son jeans de soirée et Sébastien Frô, venu de hollande toujours avec une chemise tablier.
Donc, ils sont autour de la table basse du petit salon sur laquelle trône un petit montage de magnifiques vandas bleues. Personne ne remarque !
Elle ouvre une bouteille de champagne pour la première fois. C'est ça, continues sur ta lancée, on te croit.
Apéritif. Les amuse- bouches donnent le ton. Je ne pense pas qu'il faille de 's' à amuse, personne ne fait allusion à cet 'amuses' mal t'à propos !
Un grain de raisin noir façon tomate d'amour, tapenade, œufs de lump. Bon arrêtez un peu ces louanges dithyrambiques, il n'y a pas de quoi se taper le cul par terre.
Autres choses, arrêt sur image. Il n'y a plus de tomates, ils ont tout mangé, alors le roi mage au tablier qui pendouille lui montre son cadeau, un magnifique blaireau empaillé, et là sur la table, il y a encore toutes les sucettes et les verres sont encore pleins. Youpi ! Bravo les raccords.
Animation bidon. Vengeance glacée. Elle affuble ses ennemis familiaux de tapis à gogues sur le dos. Ainsi transformés en chiottes portatifs, ils vont pouvoir s'adonner à une distraction récréative qui consiste à se sauter mutuellement. Encore heureux qu'elle ne leur ait pas demandé de bêler. Passionnant !
A table. Je remarque qu'ils ont immédiatement ôté le petit sachet sur le dos des chaises.
Entrée. La verrine annonce la couleur. Boudin noir antillais, épinard, pommes, sur une petite assiette qui vient se superposer inutilement sur les deux autres.
Quelle est l'utilité du verre noir ? Si c'est le verre à eau, il est mal placé.
Je note cette phrase, à méditer, d'Adrien le poète. " Le boudin ça pique quand ça rentre et quand ça sort. "
Plat principal. Un riz dans la nuance. Risotto à l'encre de seiche, saint jacques.
J'espère que la fleur sur le risotto n'était pas en plastique, mais j'ai beaucoup de doute sur son apparence, et plus aucun convive ne la mange. Mais encore une fois aucune réaction.
Dessert. Chocolat en tenue d'apparat. Ganache et coulis de bonbon. On dirait un petit nounours en guimauve. Pain sur la table.
Les notes. 23 pour Leslie la fifille. 21 pour Adrien et Pâquerette. 20 pour Sébastien.
Merde, il n'y avait absolument rien d'extraordinaire.
Une grosse remarque, mais rédhibitoire, pour une personne qui avoue détester les fleurs fausses. Que fait, dans la salle de bain, ce bouquet de tulipes blanches, en plastique ? Que dire des anémones, piètres imitations de mona lisa...jaunes, alignées devant un miroir du salon ? Alors Martine, on déconne ? On nous prend pour des cons ? Avec toutes ces tirades sur les fleurs qui n'ont pas le droit ce cité si elle ne sont point fraîches, et ne sont que de pâles reproductions des vraies sans lesquelles tu disais ne pas pouvoir exister !
Quand je pense qu'elle a la même note qu'Adrien en cuisine ; 29.
C'est donc le pédicure qui gagne cette semaine de pieds !
Enfin, ils sont bien gentils, mais leurs dîners étaient au ras des paquerettes !