OUI !
Il y a des jours où je n'ai plus de moral. Quand je vois tous ces gens qui attendent dans les gares et les aéroports. Je déconne, mais 1800 repas par semaine, à Cannes, la cité des festivals, du sable chaud et doré qui vient caresser les jambes des vedettes qui viennent faire trempette pendant que les caméras jouissent de les caresser de leurs rayons virtuels. Ailleurs il neige, alors ici il pleut. Cette eau qui coule de ce ciel si absent, cette purification céleste qui n'est que galère pour ceux qui doivent venir chercher de quoi croûter. C'était noël, au moins, il avait une étable et pas de télé, enfin, c'était the fils of god ! Maintenant, dans cette boîte extra plate, ils peuvent voir qu'ailleurs, sous la neige, le froid est moins pénible pour ceux qui s'amusent, même sans soleil. Et puis s'ils meurent de froid, leur agonie sera lente et douce, il paraît qu'on ne sent pas la faucheuse arriver lorsqu'il fait très froid.
Bien sûr, il y a des endroits sur terre où c'est pire, où la chaleur du jour qui passe sera la dernière pour ceux qui ne passeront pas la nuit. Pénible réconfort inhumain. Et je pense à ceux qui font la maraude pour essayer de les soustraire à la tristesse inéluctable de ces jours sans chaleur humaine.
On s'occupe plus des naufragés de la route que des naufragés de la vie, on fait plus cas des files d'attente derrière les bureaux d'embarquement que des files qui s'allongent derrière les tables d'inscriptions aux restos.
Ne compte que sur les hommes, les dieux sont trop loin et aveugles et sourds, nous ne les verrons lorsque l'homme, en n'écoutant enfin que sont cœur, en sera devenu un !