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23 octobre 2010

UN DINER PRESQUE PARFAIT A ROUBAIX ! V

 

Vendredi, Aurélie, étudiante, et pas institutrice comme nous le serine la voix off.

Je ne sais pas ce qui se passe, mais depuis ce matin, je suis patraque. Pourtant tout va très bien, ma femme est adorable, mes amis sont sympathiques, le PSG a réussi à ramener un match nul, non, je déconne, je m'en fous complètement, et pourtant, une petite contrariété m'indispose. Je suis d'humeur tristounette, je sais que les garçons ça ne pleurent pas, mais si vous n'étiez pas là, j'irais de ma petite larme. Bouh, désolé, et en plus je n'aime pas les mouchoirs jetables, il me faut ceux en tissu, bouh, et je ne sais pas où ils sont, bouh, sniff, sniff, merde, je renifle, en plus. Maman, où sont les mouchoirs ? En plus je n'arrive pas à faire ce sodoku...niveau 12, quand même, bouh !

Aurélie va nous faire un retour sur les bancs de l'école, on retourne en enfance, bouh, mon mouchoir est tout sale, avec plein de morve dedans, bouh. Et l'autre gnangnan, la critiqueuse en chef, la difficile, qui nous récite son menu avec une tête d'enterrement et une voix monocorde et affligée, comme si elle savait pas que je suis triste, bouh !

Chez elle, grand salon, décoré en salle de classe, la cuisine est également assez spacieuse.

Elle sort faire les courses. Vous avez dû le remarquer. Ben oui, bouh, quand on entre il y a le jeu de la marelle dessiné à la craie, sur son perron, oui, et quand elle sort, bouh quelqu'un a tout effacé wha, wha, hoc, merde, j'ai le hoquet à présent, bouh, un gros méchant il a tout effacé le jeu de marelle, wha ! Et en plus elle parle comme une vache espagnole, bouh, non, comme la voix off, hoc, sniff, j'aime bien les vaches espagnoles, au moins elles rient, bouh.

En cuisine. Il y a des tas de choses qu'elle ne comprend pas.

Alors Aurélie, je t'explique, je me mouche et je commence. Si je mélange dans une coupe, de la glace malaga, du chocolat chaud, de la chantilly et une banane, ça fait une bouillie pour chat que même mon chien, si j'en avais un, il ne voudrait pas, même si je lui disais que c'est du royal canin. Par contre, le chocolat chaud qui coule suavement sur les boules de glace malaga, qui les enveloppe comme des mains qui chercheraient à  faire fondre ces tétons imaginaires, légèrement gelés, qui les pétrit de ses effluves parfumées jusqu'à les amadouer et les faire s'écrouler de plaisir pour s'unir à elle en une pâte onctueuse, légèrement ocrée qui possède à la fois la chaleur du cacao et la fragrance du malaga, ça c'est un mélange étonnant par sa proximité avec le mélange charnel, c'est l'union de deux entités différentes l'une de l'autre qui vont se lier en se complétant pour couler dans notre bouche en provocant un orgasme gustatif proche du lapsus 'datesque' ! Et toi, tu ne comprends pas qu'on ne mélange pas tout ensemble, bouh, tu me fais pleurer ! C'est comme la banane, si tu l'écrases directement dans la sauce chocolat, ça donne l'effet d'un boudin noir infâme en train de se faire déchiqueter par quelques coulures boueuses. Mais, si tu fais pénétrer lentement la banane, doucement, en prenant ton temps, en la regardant se contracter et frémir à chaque pulsion, se raidir à chaque poussée lorsqu'elle pénètre le chocolat qui la fait presque fondre tel un plaisir qui la submerge en se resserrant autour de son corps prisonnier, alors Aurélie, tu aura compris toute l'importance de ne pas faire les choses en même temps et tu sauras que la cuisine, c'est comme la banana split, il faut la faire étape par étape, et que si tu balances la chantilly avant de commencer le plat, la banane ne sert plus à rien !  Putain, ça m'a fait du bien, cette petite récréation. 

Ce qui me plait dans cette fille, c'est sa confiance en elle, inébranlable, je parle de sa confiance, bien sûr. Elle commence à me saper le moral. On dirait toujours qu'elle va chialer, et ça me rend triste. Merde, quand je la regarde faire sa pâte, je commence par chercher mon mouchoir, merde, elle a dû perdre quelqu'un de sa famille, une poupée, un crayon, son carnet personnel, son copain est parti jouer avec sa barbie salope  ......

Décoration de table. Un magnifique plastique sur la nappe taupe du nord. Ensuite on nage dans la débilité.  Avec des assiettes perdues sur cette table étrange, y a des trousses qui nagent, sur la table étrange, des couverts qui y dorment enfermés, et des bonbons parsemés, et la bibine qui attend que des convives insolites viennent l'écluser, et ils boiront aux dames du Nord Pas de Calais, qui leur donneront leur part de moules contre une saucisse affamées, et quand ils auront bien bu, ils se réuniront dans la courette, je leur prêterais mon mouchoir, ils iront dans les toilettes pour noter la jeunette, dans un dîner presque parfait, dans un dîner presque parfait, bouh !

Juste une question : ça existe ' des taillures de crayon ' ?  Juste pour savoir.

Les comiques arrivent. Emmanuel, une toge rideau de douche, façon romain des quatre dents, des gants bleus, pas de vélo. Ouf, quelqu'un a redessiné la marelle sur le perron. Sabine qui doit avoir un problème d'arthrose aux hanches, façon Geneviève relookée, cravate au nœud coulant. Isabelle, le top, après Coluche, c'est un mélange de Sheila et Goya, façon petite conne dans la prairie, ou Bécassine qui aurait pris les sucettes à l'anis pour des suppositoires, d'ailleurs, elle dit s'appeler Charlotte. Julien le dernier, presque normal, c'est sa tenue de tous les jours, sans sa planche. La bande est au complet, le carnaval peut commencer.    

Sur une table d'école, des jeux éparpillés, elle apporte un carton, celui qui a servi pour les fraises, avec des briques de jus de fruit remplies de son apéritif. Un ardoise avec les amuse- bouches en forme de bille. Apéritif. C'est l'heure de la récréation: jouons aux billes !

Bonne idée, du déjà vu mais belle présentation. Et les gais lurons qui s'extasient sur une tomate ordinaire trempée dans du balsamique, putain de vrais connaisseurs, on a de la chance cette semaine ! Enfin la chialeuse sourit ! Au moins ! Il y a du rhum dans le cocktail et Sabine est contente, ses fantasmes se réveillent, les autochtones exotiques réapparaissent, la Martinique n'est pas loin, elle va pouvoir sérieusement penser à la sainte d'hier. 

Animation extérieure. Un jeu de Colin-Maillard olfactif. On ne touche pas, on sent. Didier on ne sent pas le cul des femmes. Un rien les amuse. J'en pleure de rire !  Joker !

A table. Un pain en forme de l'initiale du prénom de chaque invité. Verres mal placés. Pas de couverts à poisson. Entre un vocabulaire approximatif et une syntaxe défaillante. 

Entrée. La géométrie nous en fait voir de toutes les couleurs. Visiblement les saints jacques crues sont une découverte. Je ne veux pas pinailler, mais je ne savais pas que c'était un poisson!  

Mémé choucroute couverte vient de s'apercevoir que les coquilles crues ne sont pas cuites.

 

Un grand cri dans la cuisine. Putain qu'est ce que c'est qui se passe ? La cuisinière apeurée vient de pousser un grand cri, un gémissement atroce. Des chats en train de s'accoupler s'arrêtent dans un coitus interruptus qui ne satisfait pas le mâle excité, un miaulement de réprobation vient corser le hurlement qui s'échappe de la cuisine. Des voisins se demandent quel est la cause de ce vacarme inconnu. La voisine d'à côté, scrute les fourrés, en espérant y voir un Don Juan éjecté. Mais non, c'est la pleurnicharde qui commence son numéro.  Des larmes coulent sur ses joues purpurines, sa voix se bloque, elle renifle, elle gémit, elle ne comprend pas que ses raviolis soient humides. Putain, c'est bien quand c'est humide me souffle ma banane qui est toujours pratique. "Oui, mais ils collent", dit-elle presque au bord de la crise. Aurélie, pas ma banane. Sa farce s'en va. Et elle ne peut pas les mettre dans l'eau..... les raviolis, qui collent. 

Je suis ce drame, seconde par seconde. La tension monte, sa respiration augmente, sa poitrine, menue, se gonfle, elle secoue la tête comme proche de l'orgasme, ses mains s'accrochent au piano, elle reste debout, ce n'est rien pour vous, mais les raviolis restent collés comme ces chiens dans la rue qui ne comprennent pas pourquoi la concierge leur balance de l'eau dessus.

Isabelle vient la consoler, c'est la crise, pour un plat qui accroche, c'est dramatique. Elle vient voir les autres convives pour leur annoncer qu'elle doit mouiller, mais que c'est sec. Sabine la comprend. Julien pense à l'huile et Emmanuel se dit qu'il aurait dû lui porter la pompe qu'il avait donnée à Isabelle. Que fait le gouvernement ? Où est la télé ? Putain, ces glandeurs ils sont partis au Chili, et les cons qui font la grève pour de l'essence qui ne veut plus couler et ces raviolis qui collent ... tout le monde vient en cuisine voir des raviolis copuler, que c'est beau des raviolis qui copulent, tous collés. Une partouze, enfin ! Ça c'est de l'animation. Mais elle chiale toujours. Pire, la crise de nerfs approche. Nervous breakdown comme disent les latinistes, elle va se pisser dessus, putain, quand elle prend son pied, tous aux abris. Et pendant ce temps, les raviolis ayant fini de se titiller, se décollent lentement et se laissent travailler. On a frôlé le drame.  Quelle soirée.

Putain, elle m'a coupé le moral qui revenait, merde, je crois que je vais pleurer de nouveau, c'est insupportable ! Sabine qui a tout compris attend le traiteur.

Plat principal. La marelle de la mer. Des raviolis au saumon. Trois merdes sur une ardoise, une tranchette de saumon, un truc verdâtre, et du fromage râpé !  Et même Isabelle se croit obligée de dire que c'est bon.

Dessert. Touche pas à mon goûter ! Une madeleine fourrée à la pâte à tartiner, une mousse de mangues. Encore une ardoise ! Merde, c'est quoi ? Des bonbons, une fraise, du Nutella, une tasse de café.  Bouh, ça me reprend, elle a laissé le pain pour ceux qui ont faim.

Les notes. 22 pour Isabelle. 20 pour Sabine et Julien. 19 pour Emmanuel.

 

Des bœufs, roubaisiens et siennes vous êtes des bœufs!

Putain, 26 points en cuisine, mieux qu'Emmanuel et Isabelle, autant que Julien. Vous n'avez pas honte ? Vous laisser attendrir par une gamine qui rate un plat en voulant jouer à la grande, qui a critiqué toute la semaine, qui n'y comprend rien et qui se la pète du haut de ses remarques de bécasse et vous éprouvez une compassion injustifiée pour son caca 'raviolesque' ? Merde, allez jouer aux quilles, mais ne venez pas parader dans un jeu culinaire.

Je sais, se mettre dans de tels états pour des raviolis est inconcevable, pourtant, avez vous regardé de plus près ces gentils petits carrés farcis ? Ils sont presque humains. J'en arrive presque à comprendre les pleurs d'Aurélie, de les voir apeurés, tous collés les uns contre les autres en attendant d'être plongés dans de l'eau bouillante. Que c'est triste un ravioli cuicui, non, qui cuit.

Alors, ne pouvant supporter cette fin autant tragique et qu'inéluctable, Aurélie pleura !

C'est Julien qui gagne et Isabelle est contente de voir qu'Aurélie est seconde. Meuh!

Mais je pleure, elle aurait dû gagner, sans ces putains de raviolis. Raviolis, tout un programme ! La tolérance ça s'apprend !

A méditer : Avant de regarder le poil dans le lit de ton voisin, enlève la merde qui est dans le tien !        Sainte Ursule!

 

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Commentaires
S
moi non plus
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R
Ah ce verbe 'tailler' employé à toutes les sauces....bouh, même pas honte !
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S
de mon temps ....... (années 50-60)<br /> Dans les Ardennes, on disait aussi "taillures de crayon .... c'est peut-être régional Nord-Nord-est ....
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S
Effectivement, rien à voir avec Coralie, très talentueuse et dynamique et qui a dû gérer un stress autrement destabilisateur ...<br /> Je comprends que cela doit être loin d'être facile, mais sachant que moi non plus je ne supporte pas qu'on m'espionne quand je cuisine, plus la certitude de manipulation des images,je ne me présenterai jamais à ce genre de truc ...<br /> <br /> Quant aux paroles prononcées par les candidats ... elles sont prononcées par les candidats ...
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N
quand je l'ai vu pleurer je me suis dis la même choses les petits garnements vont lui en faire voir de toutes les couleurs alors...........est-elle vraiment faite pour ce métier!
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