UN DINER PRESQUE PARFAIT A PARIS ! IV spécial Gotainer.
Après la pub journalière de l’idole de ceux qui s’en rappellent encore, après les extraits ringards de ses prestations oubliées, on va pouvoir commencer. Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on nous présente toujours ces vieux croutons sous leur meilleur profil ; lorsqu’ils étaient jeunes. Putain, certains ont bien faits de mourir jeune, leur image est restée figée pour l’éternité. On se rappellera toujours d’un J.Dean, d’un G.Philippe, ou d’un M.Brant, qu’on les ait aimé ou non, comme des étoiles frappées par la mort brutale qui en a fait des archétypes d’une jeunesse éternelle détruits dans leur ascension médiatique, comme des Roméo modernes. Mais putain, ça commence à me gonfler de voir cette pub mensongère chaque fois qu’une de ces stars oubliées tente un come back pécuniaire en essayant de nous faire gober qu’elle essaye de revenir sur le devant de la scène qui l’a rejeté. On ne peut plus être et avoir été. Certains se sont accrochés et maintiennent toujours le cap, peut-être parce qu’ils ont eu plus de succès ou tout simplement parce qu’on les a plus aimé, mais d’autres s’accrochent toujours à cette peau de chagrin, à ces souvenirs perdus d’une gloire éphémère et usant de tous les stratagèmes pour tenter de retrouver même cette apparence que le temps leur a enlevé. Alors magie de la photo, ils usent de ces souvenirs indestructibles qui a figé leur apparence passée.
Et les médias prennent la suite en galvaudant célébrité à tour de bras, en ‘idôlanissant’ des vedettes de seconde classe, en ‘starisant’ médiatiquement n’importe quel gugusse qui passe à la télé, en ‘peopleanisant’ toute personne qui a eu sa seconde de gloire en agitant ses mains devant une caméra fut elle d’un magazine de basse consommation ou d’une émission ‘loftesque ou fermesque’ !
Jeudi, Michèle, responsable commerciale, qui a fait une école hôtelière, qui est une grosse excitée avec ses copines, qui est conseillée par le chef de l’hôtel où elle travaille, et qui présente un menu ‘soirée givrée’ parce qu’elle n’aime pas les glaces. Putain, ça existe ? Ma petite, tu commences mal, je ne sais pas si quelqu’un qui n’aime pas les glaces peut m’attirer, putain, j’espère qu’elle aime au moins les bananes, mais je pense être rassuré rien qu’en la voyant tenir un micro imaginaire.
Elle habite donc chez ses parents, et fidèle à ma tradition, je ne dirais rien sur l’appartement.
Une chose est sûre, elle m’énerve, maniérée au possible, je pense qu’elle fait beaucoup de vent. D’ailleurs les courses se résument en une visite à l’onglerie voisine pour un petit relooking de ses griffes émoussées. On frisait le n’importe quoi, on entre dans la débilité profonde entrecoupée d’extraits des prestations éculées de l’idole oubliée qui va nous cuisiner un retour sur le devant des projecteurs.
Je crois que la meringue déjà faite, a été préparée par son chef Justin, visiblement elle n’y comprend rien. Que de l’esbroufe, du vent, elle essaye de répéter les leçons apprises, à la va vite, et que je crie, et que je fais des simagrées, et que je me touche les cheveux, et que je fais tout au pif, la balance est décorative, et que je plonge mes mains dans la sorbetière, et que je suis nulle, et merde…..même ma banane n’est pas motivée.
Mais elle ne doute de rien, car « déçue par le niveau culinaire des autres candidats » elle pense faire mieux et avec l’aide des conseils de Justin, elle veut relever le niveau !
Décoration de table. Nappe grise. Assiette rectangulaire blanche. Bougies, sable, pétale de roses. Couteaux à l’envers, pas de couverts à poisson. Un bouquet central trop criard, trop haut et absolument pas dans l’esprit de ses tentatives de décoration. Elle est en perpétuelle représentation.
Changée sans plus d’effort, elle attend ses invités. Je note seulement la magnifique chemise bleue pyjama de Nicolas et le bonnet rose de Marie Lolita.
Apéritif. Le marchand de glaces va passer. Une piña colada sans alcool, étrange, mais belle exposition de genoux. J’adore la façon de Carole de sucer son bâtonnet de chèvre en appuyant nonchalamment sur l’extrémité de cette sorte de seringue improvisée pour en faire jaillir le contenu.
On passe directement à l’animation. Air guitar. Il faut utiliser un instrument imaginaire pour s’accorder sur une musique réelle en donnant l’impression de s’éclater avec son instrument, un peu comme Michèle fait semblant de cuisiner. Marie a l’air d’un préservatif ambulant avec son capuchon rose plus risible que sexuel, Carole a l’air de se servir d’une fourche imaginaire mais ne trouve pas les papayes, gogo se rappelle le temps où il ne jouait pas de cet instrument, et le pompier doit confondre avec le maniement d’une lance à incendie. L’hôtesse commence à hurler comme la sirène de la voiture de Nicolas, carole décroche, Nicolas passe à extincteur, Michèle suce son micro jusqu’à lui faire rendre l’âme et gogo se paye encore une pub de quand on se rappelait encore de lui, putain, c’est soûlant ! Je crois que je préfère encore Carole avec ses beaux yeux et…..
A table. Tiens, l’assiette a disparu.
Entrée. Mosaïque de tomates glacées. Bref une salade de tomates, sans assaisonnement. Du vent !
Plat principal. Frozen red. Pourquoi de l’anglais ? Parce que ! Merde !
La cuisine est bordélique, aucune organisation. Que de la façade. Un caméraman traverse l’écran ! Intermède sensuel lorsqu’elle tente de caresser l’interrupteur mais rien à signaler. Je pense que toutes les sauces ont été préparées par Justin. Je note que ce soir encore il n’y avait pas de pain. Une mode ?
Dessert. Vacherin super cosmique. Sur une assiette de sucre, avec de la fumée carboglace. Beau cinéma, facile, belle présentation. Maintenant elle joue la modeste car ils se sont laissé prendre à son cinéma.
Les notes. 21 pour Carole naïve. 19 pour Marie. 18 pour Richard et Nicolas.
Face à des amateurs incultes il est facile de briller. A vaincre sans péril…..au royaume des aveugles les borgnes sont rois !
Pour rester dans l'hypocrisie ambiante, c'était très bien !
Soirée placée sous le signe du vent !