UN DINER PRESQUE PARFAIT A NIVELLES ! IV
Jeudi, Aline professeur. Professeuse de quoi ? Oui, sois ma maîtresse, oui, oui.
Elle n'aime pas prévoir à l'avance ce qu'elle va faire. Je pense qu'elle n'est pas prof de français.
Et je ne comprends pas la voix off qui nous parle de menu africain. A part l'autruche, il n'y a rien dans ce menu qui évoque ce continent, et même de loin, même si Amélie y voit des 'touches'.
Chez elle, un salon avec un bar, cuisine américaine ouverte avec toujours les mêmes explications des candidats qui pourront participer à la conversation, sans perdre un mot, etc, etc.
Les courses. Et un magasin de déco, un ! Des verres pour compléter les siens, avec le conseil de la vendeuse experte qui lui recommande de bien verser le vin à l'intérieur.
Et un vin d'Afrique du sud, ils sont presque tous issus de cépages européens.
Les invités se voient tous habillés en tenue africaine, très pratique pour faire la route de Compostelle, après avoir traversé l'océan pour se faire flamber en Italie.
Décoration de l'appartement. Un éléphant africain, un perroquet, assez bien imités et des peluches, plutôt neuneu. Les girafes du caviste sympathique, des feuilles de philodendron monstera, des anthurium choco, des tiges de lierre en plastique. Toc, toc ! Plouc, plouc !
Décoration de table. Nappe blanche, chemin de table taupe africaine recouvert d'un voile transparent beige. Assiette de présentation beige foncé. Assiette jaune caca d'oie africaine du Laos, une autre assiette creuse beige clair, oie de Sibérie. Je déteste ces empilages ridicules, il faudra nécessairement les défaire pour servir l'entrée, l'assiette de présentation est suffisante. Lierre en plastique. Feuille d'aspidistra roulée dans un verre, je me demande pourquoi faire ? Mais, oui, aussi, dans les verres, on dirait des serviettes en papier ! Oui, quelle horreur ! Impardonnable. Des noix de coco et la case en bois (hollandaises, elles servent de pots et de déco pour les plantes) encore des feuilles de philo avec des fleurs d'anthurium choco.
Beaucoup de remue ménage pour rien.
En cuisine, je remarque qu'elle aime bien 'jeter' !
Ses invités arrivent. Ils ont de la chance, depuis hier il fait beau, la neige est fondue et la température affiche un 'plus deux' optimiste. Les oiseaux qui ont réussi à se réfugier sous les porches abrités peuvent encore espérer vivre quelques jours. Les éléphants ont complètement disparu des artères de cette ville depuis les grandes battues du mois de juin pour exterminer les moustiques tigres qui les attaquaient. Il reste encore quelques crocodiles empaillés chez le taxidermiste local qui s'est depuis reconverti dans la fabrication des confitures de betterave. Déguisée en guide touristique américaine qui fait visiter les parcs animaliers, bandeau léopard synthétique, cheveux à la T. Turner, elle reçoit Amélie avec un cadeau et nous prépare la scène de l'acte II, c'est pas moi c'est chez toi. Gag éculé et stupide et lourd !
Je remarque la couronne de noël sur la porte qui fait très grigri africain.
Vincent est surpris. Ma banane est éclatée sur le carrelage. Il fait très chaud et on utilise très peu les canapés. Le hoquet soulève en mouvements imprévisibles sa chair opaline à peine maculée par la glace malaga qui fond lentement sous les effets conjugués de la température caniculaire de la fin du mois d'août et du chocolat tiède.
"Tu vois, ils recommencent cette connerie" me lance-t-elle congestionnée. On s'attendait aux blancs d'œufs et c'est cette plaisanterie ridicule. On avait parié, et j'ai perdu. Amélie sans son bouchon de réservoir sur la tête et sans déguisement africain de contrefaçon, avec un cadeau, tombe aussi dans le piège machiavélique de la grande prêtresse de la nouvelle géographie mondiale niveau maternelle.
Grégory arrive, non ? Oui! Sans son blouson, je vous l'avais dit, le temps s'est radouci, avec une bouteille. Bon, lui, il se fait avoir, mais ça ne compte pas. Le piège est divulgué, c'est marrant ! Oh oui alors. Je m'éclate, consternation ! Ils rigolent, ça alors, c'est la première fois, ma banane est effondrée, putain, mais il n'y a pas d'organisateur pour leur dire qu'on a déjà fait ce truc ringard des dizaines de fois et que c'est nul ?
Apéritif. L'escale au Triangle des Bermudes de mamy Moniquet. Cette madame, cousine éloignée de Tita, est la tenancière d'un restaurant bien connu, elle n'a jamais mis les pieds, ni rien d'autre d'ailleurs, nonobstant l'allusion contenue dans son nom, dans ce coin de l'Afrique triangulaire.
Naturellement Vincent situe le triangle des Bermudes en Afrique. Pour Grégory, c'est vers la Californie. Tout ce cinéma pour faire des samoussas triangulaires qui viennent d'Inde.
Un mélange de calvados, cidre et pommeau normand, comme on peut le constater, boisson typiquement africaine. Pendant qu'ils regardent sa déco, je vois qu'elle utilise de la salade sous vide. Bravo ! Et Vincent qui voit des feuilles de bananiers sur la table.
Naturellement ces beignets sont inconnus pour le commis qui apprendra ça, l'année prochaine, s'il ne redouble pas. Pour ce soir, tout est nickel.
L'hôtesse revient en Turner première époque, déguisements made in china, pour touristes américains à Disney land, armes bonux, et Grégory est devenu Jackson blanc dernière génération, Vincent plus John Hanning Speke de Tarascon que Livingstone, I presume, avec une belle robe bleue rayée qui met en valeur son port altier et son goût immodéré pour la géographie, Caroline en tintin au Congo, sans le casque colonial piqué par Vincent, et Amélie qui cherche toujours le chemin pour sortir du triangle de ce putain de bermuda. Nous sommes dans la saga de Rio ! Ah, en plus c'était l'animation; un bal masqué ohé, ohé, et on a toujours pas commencé le dîner ohé, ohé ! Non, un quizz sur les proverbes africains. Je vous invite à une virée chez madame Google qui a remplacé avantageusement le tam-tam africain, le téléphone arabe et les nuages de fumée des indiens !
Alors, ou ce sont de vrais ploucs qui n'ont pas internet ou ce sont de vrais faux culs qui font semblant de rire aux blagues surmédiatisées !
A table. Entrée. Le Trésor du pèlerin de Compostelle et son lait de coco. Galettes de mangue, drupe originaire du Pakistan ... africain.
Caroline pense aux saint jacques, mais elle ne sait pas pourquoi, Grégory a déjà entendu ce mot. Saint jacques au lait de coco, était là aussi beaucoup trop compliqué.
Amélie, putain, sois un peu plus discrète et ne fous pas ton tarin dans l'assiette. Tu ne peux, d'un champignon le nom reconnaître, tu ne sais où habite ce brave bermuda, et de Compostelle tu n'en connais pas la coquille, alors je t'en conjure reviens à plus de civilité sinon de mon pied, ton cul va connaitre la saveur et mon dénivellement par le bas commencera par ton postérieur !
Gregory est bluffé, il le dit, c'était excellent. Tu ferais mieux de la fermer au lieu de sortir de telle ineptie. Comment peux-tu affirmer que tu ne pensais pas que de ce résultat elle était capable ? Penses-tu être le seul à savoir cuisiner ? C'était excellent et te voila trompé, surpris et désarçonné. Un peu de modestie, que diantre, tu te souviendras de Compostelle ce n'est pas un verbe conjugué propre au voyageuse pressée !
Je me demande ce qu'est venue faire Amélie dans ce genre d'émission, je suis sûr qu'entre le parfum d'une tango* et celui d'une gousse d'ail, elle ne ferait pas la différence.
* la tango est une rose particulière, très peu cultivée, au parfum extraordinaire.
L'assiette jaune caca d'oie africaine du Laos, a été discrètement enlevée, comme je vous le disais, il était inutile de la mettre, elle va servir à présenter le plat principal ; La Reine de la savane et son écrin de tubercules doux. Voir une autruche comme la reine de la savane demande une forte dose d'imagination. Pas terrible comme présentation. La tranche de l'africain Queen avec de la sauce au cacao qui a un peu éclaboussé, une boule de patate douce et une mini feuille d'endive, Wuhai ! Le verre de vin rouge apparaît comme par magie entre deux bouchées des convives ! Mais je n'ai pas vu de pain.
"Par rapport à la viande d'hier j'ai vachement mieux apprécié la viande d'aujourd'hui. "
On reste sans voix en écoutant cette remarque de Caroline. On sent quelqu'un qui arrive à faire le tri entre chaque arôme particulier qui entre dans la composition du plat présenté et on est anéanti devant la facilité avec laquelle elle nous en décrit les composants en usant de mots variés et châtiés qui nous font monter le plaisir à la bouche rien qu'en rêvant à l'annonce de ces promesses culinaires ainsi narrées. Ma banane me regarde, troublée......
C'est beau le lyrisme, à ce niveau !
Dessert. L'italienne et sa pyromane africaine. Un sabayon pour italienne, et un ananas flambé au rhum pour pyromane africaine. Bon, c'est sûr, elle ne peut pas être prof de français, ni de géo puisque ce fruit est plutôt d'Amérique, et je ne sais même pas s'il y a une production africaine, quand au rhum je ne vais pas vous faire de dessin non plus, mais je me demande si elle n'a pas abusé de quelques boissons sans modération pour nous pondre un intitulé pareil complètement incompréhensible même pour une benoite shooté au lacryma christi del vesuvio. A force de faire n'importe quoi, on en arrive facilement à l'absurdité totale.
Le ridicule va finir par tuer. A toujours vouloir imager, le mot est faible, un jour le père noël va finir en coccinelle en train de se farcir la reine des clowns.
Elle prépare donc son sabayon en direct live, pas de bain marie. Vincent râle un peu. Il est 23h 30, sa femme l'attend, la soirée s'éternise, il est sûr qu'elle doit dormir, putain, c'était le soir où elle n'avait pas mal à la tête. Alors il trouve que le parfum de rose synthétique ressemble à un désodorisant domestique utilisé pour désinfecter les lieux d'aisance en masquant l'odeur des excréments par des fragrances qui les recouvrent en les transformant en de nouveaux parfums non moins écœurants, mais tout aussi particuliers. Brise d'anus au pétale de rose !
Bon, on n'a pas trop vu non plus la brochette flamber.
Les notes. 24 pour Caroline. 23 pour Grégory. 22 pour Vincent et Amélie.
Du grand n'importe quoi ; sur-sur-notée. Pas de flambage de l'ananas, serviette en papier....
Certains n'aiment pas, d'autres râlent, mais ils donnent de bonnes notes.
Il faudra penser à faire une quête pour payer un bouquin de cuisine et le coiffeur pour Caroline et une autre pour trouver un coach sur le 'de l'usage du couteau et de la fourchette' pour Grégory. Enfin, je pense qu'il va falloir prévoir une opération pour déboucher le nez obstrué par une gène diplomatique d'une Amélie qui doit également souffrir par rapport à ses dents arrachées.
Bon, je crois que c'est définitif. Amélie, bouffe de la merde, au moins ça ira plus vite, question transit !
Et comme on dit à Pégomas, dans les champs de tubéreuses, de jasmins et de centifolia : On ne peut pas sucer un banana split et se farcir un parfait au chocolat en même temps !
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)