UN DINER PRESQUE PARFAIT A ANDENNE ! III
Mercredi, Bruno, gérant d'une société informatique.
En ce mercredi 28 juillet, jour de la saint Samson, mes bien chers frères et vous surtout mes bien chair sœurs, je suis très heureux de me retrouver encore une fois devant ce dîner. La chair est faible et la banane est sucrée. Je ne saurais remercier assez le ciel de me présenter encore une fois devant vous, via cette émission qui rapproche les goûts.
Que dire de Bruno ? Un ancien séminariste, peut-être, qui regrette sa décision d'avoir refusé la prêtrise. Et se complait dans des sermons de pacotilles sur la façon de faire les chipolatas à la vaticane sauce bénédictine.
Mon dieu, il nous reçoit chez papa et maman parce qu'il n'a pas du faire son lit ou la vaisselle. Son appartement est trop petit, tu parles.
Les courses. A la boucherie. Il devait y avoir des clients, mais on leur a demandé d'attendre gentiment que la vedette passe sa commande. Alors sagement, relégués dans un coin de la boutique, devenus spectateurs, ils jouent les figurants de cinémas, mais on sent de l'impatience sur leur visage et je ne saurais dire s'ils ont les glandes.
Chez ses parents. Décoration de table. Nappe rouge. Napperon blanc. Serviette verte entourée d'une tige d'ornithogale, mais avec le prénom de chaque invité inscrit sur un ruban mortuaire mauve, du plus bel effet festif. Cuillère à gauche. Fourchette à droite. Pas de couverts à poisson. Petite cuillère à l'envers. Des jetons de jeux. Une composition de fleurs centrale très belle et discrète ; deux petits centres réunis par des tiges d'ornithogales, feuilles d'aucuba, roses avalanche, hypericum, germini charleston, chrysanthème boule hollandaise.
En cuisine. Nouvelle version du tiramisu. J'adore quand même ce belge d'origine italienne, il paraît, nous gonfler avec ses intitulés en italiens, abuser d'antipasti, et nous soûler avec ses zakouski ! Il faudrait choisir, merde ! Bon, il faut l'avouer pour tous ses antikouski, il ne s'emmerde pas trop, question cuisine. C'est comme un pan bagna détaillé. Et en plus, il complète avec des trucs achetés chez un 'Métro' local, que quand tu en manges tu a l'impression que tout le monde fait la même chose de Nice à Bruxelles. J'espère que s'il reste un peu d'huile, elle va servir pour sa voiture, faut pas gâcher !
En attendant ses invités, il balise l'entrée de la maison avec des bougies anti-moustiques...en plein hiver. A ce sujet, pas de l'hiver, nous sommes envahis par les tigres. Depuis quelques années ils étaient en Italie, tout s'explique, Bruno en a peur, mais leur progression est très rapide. Timide apparition l'année dernière et cette année c'est l'invasion. Plus petit, son rayon d'action est plus limité, mais ils sont plus nombreux et attaquent aussitôt en piquant presque immédiatement. Que fait le gouvernement ? Pascal avec une bouteille reçoit son verre d'eau pétillante. Yviane, avec un petit cadeau. Colette aime les écharpes. Miguel avec une toque comme cadeau, Miguel est un farceur, oh lala, elle lui va comme une tiare, Bruno s'y voit déjà....dans les cuisines vaticanes, garnissant de chantilly des religieuses alanguies et du piment.
Apéritif. Vésuvio, pulupits and CO. Boulettes de fromage et antipasti.
Le cocktail baveux aux couleurs italiennes ne fait pas l'unanimité.
Pascal, pas de pot, reconnait immédiatement l'origine 'grandesurfacesque' des produits maisons, annoncés comme tels par le perfide curé félon vidangeur d'huile d'olive. Mets de l'huile, Bruno, dans la vie, il faut que ça glisse.........
Entrée. Gamberi et champignon vénéneux. Là, il ne s'est pas emmerdé non plus. Crevettes, même pas décortiquées, et le champignon est devenu une tomate phalloïde avec les taches de mayo! Ça fait très self....italien, bien sûr !
Plat principal. Orecchiette e Scaloppine di vitello à la Martinès.
Déjà, la saucière dans l'assiette, ça me gonfle. Et c'est la cata, Colette n'aime pas l'escalope panée et Pascal les pâtes. Enfin, du veau et des pâtes, il ne mérite pas sa toque. Mais que vient faire Martinès dans le menu, c'est qui ?
Dessert. Le "tire-moi en haut", Dolce de Sorrento et Granita Capucino. Encore un qui fait du genre en voulant traduire des trucs qu'on ne doit pas. Il nous fait pratiquement un menu en version originale et monsieur, pour le dessert veut prendre des positions bizarres avec des citrons et le café. Un prétentieux! Et pour Yviane qui n'aime pas la banane, putain, ça existe, il a prévu un fruit de remplacement. La mienne vient de lever la tête. Un fruit de substitution. Un double. Non du mascarpone classique, c'est à dire sans fruit. Elle est écœurée, elle qui s'attendait à une nouveauté, déjà prête à prendre des notes, à trouver un nouveau camarde de jeu, se laisse doucement couler dans sa chantilly glacée. Putain, il croit qu'une femme qui n'aime pas les bananes est capable de lui trouver quelqu'un pour meubler ses tristes soirées à regarder la reine agiter frénétiquement ses mains gantées dans son carrosse protégé. C'est un repas de réveillon, il est minuit pour le dessert, docteur. Bonne année, j'en étais sûr, j'aurais fait de même, je l'ai déjà fait...chez des copains, je vous arrête.
Tres belle présentation, il faut le dire. Yviane apprécie son tiramisu...sans banane, putain, c'est une hérésie. Elle doit aller dans le même sexe chop que Bruno. J'ai honte.
Animation tardive. Les yeux bandés ils se retrouvent devant une table de jeux. Le comique curé devient troupier croupier exécuteur des volontés divines du dieu du hasard. Et il y croit le bougre. Burlesque. Colette est larguée, elle comprend aussi vite que le curé sait cuisiner. Elle reprendra volontiers un doigt de carte, pour la route. L'obscurité de la pièce et la table de jeux seulement éclairée, rajoute au coté obscur de l'animation qui fait plutôt penser à une messe noire. Le thon monte, les tongs se délacent, au fait Loulou, il y a des lacets aux tongs ? Pascal le tricheur est condamné à la damnation éternelle, j'aime bien l'humour de Miguel, putain où est Martinès? Je ne comprends pas l'intérêt de présenter ce jeu. Yviane commence déjà à rayer pas mal de noms sur sa liste des éventuelles remplaçantes de la reine mère.
Les notes. 19 pour Colette. 17 pour Yviane. 16 pour Miguel. 13 pour Pascal. Ils ont été gentils.
Vite, il faut tout nettoyer sinon mama va crier ! Nullissime !
J'ai noté que Bruno a même oublié qu'il avait utilisé des produits belges lorsqu'il disait à Pascal, d'un ton assez péremptoire et acerbe, voire méchant de rester chez lui en Belgique, pays qu'il n'accepte donc pas comme le sien actuellement. La mayonnaise et les amuse-bouches, les asperges, par exemple.
Putain, heureusement qu'il y avait Miguel !
En règle générale c'est un gros menteur, enfin un bluffeur, ce qui explique les jetons de poker sur la table. Au jeu, mentir c'est bluffer, comme dans la religion, c'est omettre.
La religion ne saurait donc être un jeu ?
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