UN DINER PRESQUE PARFAIT A LA ROCHELLE ! V
Vendredi, Aude, organisatrice de mariage. Vous lui téléphonez, un rendez-vous en toute discrétion, et elle vous trouve tout. C'est aussi une géo qui cherche. Grande ou petite, mince ou friqué, gros ou sportif, italien ou blond, fonctionnaire ou retraité, rentier ou gagnante du loto, Freddy ou eunuque, gigolo ou couguar . Les couguars sont à la mode. C'est une femme d'un âge certain, ou d'un certain âge qui s'abrite derrière ce genre de pseudo pour d'adonner sans scrupules à des plaisirs jusque là réservés à des hommes d'âge plutôt mur, avec des lolitas tout juste majeures, et qui appelaient ça le démon de midi. Remarquez de tous temps ce genre de pratique a existé, dans les deux sens, et a permis à des générations de jeunes puceaux d'enfin situer les lèvres ailleurs que sur la figure. C'est vrai que ce qui était presque considéré comme un avantage chez le sexe dominant, on parlait de vert galant, de la puissance procréatrice de vieillards célèbres qui réussissaient à engrosser quelques jeunettes disposées à faire un échange d'un sommier bien rembourré contre un porte feuille bien garni, était totalement réprouvé et même considéré comme immoral, lorsque certaines rombières à l'âge et aux seins déclinants trouvaient quelques réconforts excitants en échangeant elles aussi des amours pécuniaires contre des sexes bien dressés mais pourtant à éduquer. Maintenant celles qui n'ont pas eu de satisfactions sensuelles, celles à la luxure encagée, enfermée sous des couvertures de morales religieuses, celles pour qui la position du missionnaire les renvoie toujours vers une obligation procréatrice qui se passe du septième ciel comme moyen d'orgasme éthéré, peuvent enfin tenter d'assouvir leurs fantasmes enfin libérés et comprendre enfin ce que draguer sans complexe veut dire. Elles pourront enfin se promener avec de jeunes minets sans être obligées de se justifier, faussement énigmatiques et hypocrites, sur la santé ou l'apparence de leur petit fils qui a grandi.
Putain, j'en parle comme si je n'avais pas eu dix huit ans .......
Mais il suffirait de presque rien, des rides qui les séparent, lui en hiver, elle au printemps, c'est la réponse masculine, mais il est toujours question de cet amour qui s'enfuit emporté par ce temps qui magnifie nos souvenirs et sublime nos regrets .... Avant de commencer, juste un petit mot pour Laurent, effectivement je connais ce trou piémontais, un paradis de randonnée.
Et on est reparti sur une soirée VIP avec son lot de clichés désuets et ringards. Mais elle a été gentille animatrice dans un village de vacances, une pro, whaouh !
Elle pourrait organiser son mariage avec Laurent et confier le bon déroulement de la cérémonie à un Geoffrey très..... Énergique.
Ah, ' Tenue correcte exigée ' c'est le titre de son menu, j'espère que Geoffrey va trouver une nouvelle chemise propre.
Chez elle, la cuisine est déjà pailletée, le reste suit. Le canapé, les rideaux....
Les courses; le pain et les cheveux avec une coupe frisée comme il y a dix ans. On dirait une moumoute de gala. Aude, change de coiffeur, c'est une coupe de miss façon Geneviève quand elle avait encore des cheveux.
Ou alors fait comme Paris, hier à Saint Trop, façon champagne dégoulinant. Bon, c'est plus cher !
Décoration de table. Un voile noir. Set noir argenté. Des boules à facettes, incontournable!
Des coupes argentées. Le prénom de l'invité avec un gros caillou diamanté. Ce n'est plus une table, c'est un corbillard de compétition. Il ne manque plus que le curé sur un strapontin, prêt à faire le service. Pas de couvert à poisson.
On se croirait dans la première soirée d'un enterrement chic organisée par le duo choc des deux compères italiano-organisateurs déjantés. Un créneau à prendre. Pour les mariages, on décore bien les voitures, pourquoi pas un corbillard entièrement relooké, avec cornes de brume, retour des pleureuses et cérémonie adéquate, confetti noirs, mouchoirs également, avec de nouvelles idées de pliage. Pour les petites familles on pourrait même trouver des figurants et relancer ainsi sur de nouvelles perspectives, des intermittents qui ne demanderaient pas mieux pour tenir des rôles de composition. Toujours à mon avis, on confond décoration boîte de nuit et dressage de table haut de gamme. Paillettes et poudre, et lingots et argenterie. Rêve et réalité.
En cuisine, elle prépare des endives pour leur côté original. Je ne dirais rien. L'endive, le légume des stars. Chicon toi même.
Putain, mais quelle idée de faire la cuisine avec une perruque.
En goûtant ses endives mélangées à du jus d'oranges, elle trouve que les oranges ont un goût amer.
A mon avis, elle aurait du aller chez le coiffeur.
"Dans le monde de la jet set il faut savoir envoyer la sauce!" Putain, la voix off se dévergonde. Ma banane en reste médusée.
"Mais, il marche dans mes plates-bandes, cet iconoclaste au rabais" Hurle-t-elle agacée !
"On ne parle pas la bouche pleine." Lui rétorquais-je aussitôt.
Merde, mais ça ne la dérange pas ce balai o Cedar sur la tête ?
Tapis rouge devant son entrée.
Elle attend maintenant ses invités, toute rutilante comme une voiture re-carrossée, repeinte et liftée. Merde, elle a mis un chapeau sur le travail si artistique d'une coiffeuse en mal d'inspiration qui en est toujours aux mèches bouclées façon Danièle Gilbert relookée pour son apparition dans Play-Boy.
Emilie arrive en jogging de soirée façon sportive cascadeuse qui se chauffe avant de sauter, foulard cent un dalmatiens, elle a gardé sa bouée, et ses chaussures de montagne. Latatia façon pizzaïola qui a renié sa foi pour entrer dans un mac do, elle a défroqué laissant les hosties pour des olives. Geoffrey égal à lui même. Laurent en égoutier italien qui serait parti du tunnel sous le mont blanc pour se retrouver dans les catacombes.
Ils sont tous accueillis par un garde du corps et protégés des fans et des photographes.
Mais c'était une farce! Dessous leurs déguisements faux, ils ont de vrais déguisements. De vrais farceurs ! Putain, Geoffrey a mis une cravate, Laurent aussi, Émilie...aussi, non pas une cravate mais une robe plus courte. Et Latatia s'est déguisée en ...miss. Lunettes et chapeaux pour tous !
Apéritif. Farandole de folies. Pour rebondir sur la réaction d'Émilie, j'ai dit sur sa réaction, j'espère qu'ils ne vont pas nous faire 'à la queue leu leu' comme chez Latatia, ni 'la chate mi cantare' comme chez Geoffrey, sinon je ne réponds plus de ma banane.
Huitre chaude au champagne, velouté de foie gras aux girolles, nage d'écrevisse, le tout dans une valise argentée. Champagne dans des verres plus grands que l'aquarium d'Émilie. Les VIP ont toujours des grandes gueules.
Toujours à mon avis, Aude devrait enlever sa perruque qui la gêne pour boire en l'empêchant de se pencher en arrière. Geoffrey devrait aussi enlever la casserole qu'il a sur la tête.
Animation. Un test plouc friqué et plouc jet setteur, pour différencier un parvenu ou un sybarite de première ou un profiteur de basse classe, un parasite ou un snobinard, un flagorneur patenté ou un riche de naissance.
A table. Ils trouvent çà chic ! Un déballage de merdouilles brillantes. Un miroir pour les femmes. Pour les hommes un cigare, ils vont se prendre pour des ministres ou un président. Je sens ma banane frétiller.
Caviar ou lump ? Mousseux ou champagne ? Homard ou crevette ? Harley ou vélo ? Ferrari ou lolo ? Banane ou concombre ? Crabe ou morpion........ Mais certains ont besoin de goûter ! Je n'en dirais rien de plus.
Putain, Aude a fait pailleter aussi ses pellicules dans les cheveux. Mais je ne savais pas qu'on pouvait aussi trouver des pellicules dans une perruque.
Seul Laurent apprécie le caviar qu'il n'avait jamais mangé.
"Ça correspondait par rapport au thème de la soirée." Geoffrey, il faut tout revoir, t'as besoin d'un relooking total. T'as l'air sympathique, mais tu fais rire ma banane. Aucune éducation, aucune classe, aucun vocabulaire, aucune tenue. Et ta façon de manger ; rédhibitoire ! J'espère que si tu regardes ta soirée cela va t'occasionner un électrochoc, sinon.......
Et en plus il fait remarquer la faute d'orthographe commise sur son nom alors qu'il avait été incapable d'écrire celui d'Émilie qui le lui fait remarquer.
Entrée. Gala de saint Jacques. " Comme nous, prêtes à se faire déguster" Putain, ma banane vient de lever la tête, sur la fin de cette phrase de Laetitia, merde, je vais avoir du mal pour la calmer. Endives, oranges, et pistaches. Heureusement que Laurent reconnait les endives. Les autres se prennent pour des experts culinaires parce qu'ils font la différence entre des produits inimitables, mais sont arrêtés par un goût d'endive indéfinissable. Putain, retournez à vos mac do incontournables. Aude, un carré de sucre ou un quignon de pain et l'amertume des endives est partie!
Plat principal. Coco sous les sunlights de saint Barth. En attendant, les invités font des bulles, tu parles d'une occupation jet set ! Agneau, coco, riz, coco. Alors ça c'est un repas bling-bling...pour une cantine. On est loin de saint Barth pour les cocotiers, quand aux sunlights... on est loin de Cannes, mais c'est un festival de grimaces. Admirez la transition. Entre Latatia et Homélie, c'est à celle qui démontrera aux autres, d'une manière des plus discrètes possible, son écœurement et son aversion pour la préparation servie. Je me demande si un jour, ou une nuit.....près d'une table...... endormi, je m'égare, oui, je me demande si un candidat va aller jusqu'à se faire vomir pour montrer son dégoût !
Remarquez, Homélie a exactement la même mimique pour une endive amère que pour un lait sucré! Et en plus il y a de la mangue ! Insurmontable pour une nageuse de ballets synchronisés même pas électriques. Elle va couler, elle perd son pince nez, jette un dernier regard vers les spectateurs absents, cherche désespérément Lucas qui n'en a rien à foutre, et va faire du bouche à bouche à son poisson anémié, histoire de se réconforter. J'adore ce verbe. Elle a même oublié qu'elle avait, elle aussi, utilisé du lait de coco, la traîtresse. Elle a faim, l'ogresse, elle réclame du pain. Aude en profite pour servir, à la main, son pain dédicacé Very Important Plouc.
Et Geoffrey qui charge sa fourchette de plâtrier avec sa truelle de couteau ..........
Dessert. Trio chic et choc. Un dessert échantillon, avec un chocolat témoin.
Les bougies pas allumées côtoient le pain resté en décoration tardive.
Les notes. 22 pour Laurent. 20 pour Geoffrey. 19 pour Laetitia. 14 pour Émilie.
Le gagnant remporte un tire-bouchon.
Petite semaine, enfin, comme d'habitude. Des menus d'inspiration italienne par des candidats qui n'y ont jamais posé un tiramisu, même de contrefaçon.
J'ai pensé que le chapeau sur la tête pendant un dîner faisait classe.
J'ai noté qu'Émilie avait attrapé le syndrome de la gentille du premier soir par des remarques insipides et j'en ai conclus que la culture se dissolvait dans l'eau chlorée.
C'est l'ancienne miss qui remporte cette compétition de nuls. Elle pourra porter une nouvelle écharpe.
Charente Poitou, Charente Poitou !
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