UN DINER PRESQUE PARFAIT A MARSEILLE ! IV
Jeudi, Jean-Michel, consultant en investissements financiers, avec le credo du macho, sa mère et sa femme au dessus de tout, il manque la sœur et la trinité est complète. Amoureux de sa ville, il présente son dîner ; Marius et Fanny, œuvre qui symbolise la convivialité et l’amour de la chair. Whaou ! À la lecture des plats, je sens une petite moue de réprobation chez Audrey, effectivement ce menu a l’air un peu populaire, pas assez ‘show-biz’ pour elle.
Chez lui, directement à la cuisine, toujours en criant, il nous fait la visite. Grand salon. Il tente un couplet de l’hymne de Marseille, putain, j’espère qu’il cuisine mieux !
Ah, visite de la chambre, merde, il vient de se lever, ou alors…..
Des trophées sur des étagères….des coupes du jeu d’échec, une sainte vierge, une croix et un chapelet, putain, tous les clichés, et sa coupe à lui, celle du football.
Les courses chez le poissonnier qui lui conseille les mêmes poissons que ceux qu’il a choisis pour son menu. Merde, comme c’est extraordinaire, le hasard est décidément facétieux.
Et en plus on lui prépare tout. Je pense qu’il doit venir souvent, et qu’il a pris cette habitude de toujours crier, dans ce magasin, pour se faire entendre de tout le personnel.
A quoi ça sert qu’Alexandre se décarcasse ?
En cuisine, préparation de la caponata, un plat sicilien transmis par sa famille à la Goulette, ma fille, à côté de Tunis. Ça commence bien, il sort des aubergines et il nous dit qu’il adore les courgettes. Encore un qui goûte et replonge la cuillère dans le plat pour mélanger, histoire de ne pas nous faire perdre une goutte de sa salive.
Allô maman, perdu, allô minette, abandonné, la levure me donne du souci, je ne sais pas comment l’employer, je ne sais pas ce que c’est ! Merde, tout ça pour faire six beignets.
Décoration de table. Nappe bleue rayée, pas très nette. Il avoue que ni sa maman ni sa fiancée ne sont intervenues, ce qui veut dire que pour le reste, oui ! Un filet de pêche, le sel et poivre bateau, un cadeau empoisonné d’un ami, j’espère. Le ferry boate marseillais. Des objets de marine. Un phare, que c’est même pas le Planier. Agaga !
Comment un mec de 27 ans, pas trop mal de sa personne, qui gueule un peu, certes, peut- être un supporter de l’O Meuh, arrive-t-il à nous sortir une déco si vieillotte et si ringarde ?
Une assiette de présentation noire, carrée, proche du plastique. Petite cuillère à l’envers. Pas de couverts à poisson. Bon, il est content….de pas grand-chose !
La première invitée est Michelle, avec un petit cadeau. Gérald qui en rajoute en faisant semblant de se prendre un réverbère. Heureusement que les caméras étaient là ! Du guignol. Et on est reparti sur une séquence promotion de l’acteur belge. Un bouquet bulle avec des gerberas. Et Jean-Mi, en voyant ces fleurs, ne peut pas s’empêcher de lui faire remarquer qu’il croyait sans doute venir dîner chez Michelle. Merde, des fleurs à un homme ! Alexandre, avec une bouteille. Audrey avec du champagne !
Apéritif. La pelle des saveurs. Je croyais que c’était l’appel des saveurs.
Marseille a beaucoup d’atouts, surtout à la belote, pitain, Jean-Mi, tu me fends le coeureuh.
Même le discours de Gérald est nul. Des pissaladières, beignets de courgettes,
Animation sportives. On va jouer aux boules, femmes contre hommes. Ça y est les marseillais ont annexé la pétanque. Non, pas avec de vraies boules ! Merde.
On touche le bouchin ; on tète ! Merde, c’est des touristes.
A table. Entrée. La trilogie du vieux port. Sole, turbot, daurade. Eh oui, Alexandre tire un peu la gueule. En accompagnement il se lance sur l’histoire de la sardine qui a bouché le port de Marseille. Il a du lire une seule des versions de la sartine. Putain, mais il va finir par mordre !
On dirait qu’il engueule ses invités.
Je note qu’Audrey et Alexandre n’aiment pas trop qu’on prenne un air sérieux et professoral pour s’adresser à eux. Déformation professionnelle, sans doute, alors ils déconnent, visiblement agacés par quelqu’un qui se conduit comme le chef qu’ils veulent devenir !
Plat principal. Pitchoune des champs accompagnée de ses amis de l’Estaque. Souris d’agneau, panisse et caponate, plat sicilien. La goulette, ma fille, à côté de Tunis, d’où sa famille est native, peut-être. Les hommes sont servis en premier. Normal, sa mère et sa future ne sont pas là.
Dessert. L’appel de la trompette. La fameuse brousse du rove. On avait vu ce fromage de chèvre présenté par un candidat. Pain, sel et poivre sur la table. J’aime bien l’histoire de la trompette très particulière à Marseille, qu’on retrouve dans beaucoup d’autres villages français.
Et Michelle ne connaissait même pas cette histoire. Et la fleur d’oranger ? Alors pas à Marseille ! Du rhum. Je ne connaissais pas. Et Audrey qui sabote sa verrine en la noyant sous l’alcool.
Et on termine en chanson. Ni l’air, ni les paroles ! Et il appelle ça un hommage ! C’est le poison final !
Les notes. 23 pour Gérald. Son 9 en cuisine montre l’étendue de sa propre incompétence.
21 pour Audrey qui bade devant Gérald et sa ‘blinguitude supposée’, très show-biz. 18 pour Alexandre un peu tacticien de surface.
Repas gentillet, mais pas de quoi en faire un plat !
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