Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Râleur
Râleur
Publicité
Newsletter
Derniers commentaires
Archives
21 septembre 2008

GPS. NOUVEAU DIEU !

De la désertification des villages et des hameaux évités par les autoroutes et snobés par les grandes surfaces à leur redécouverte grâce au GPS. 

Autour de l’église, un ou plusieurs bars, quelques commerces, un cinéma, des restaurants, l’école, la vie quoi. La France est un pays rural, une seule ville dépasse le million d’habitants, à l’inverse des pays voisins. Tout le monde travaille sur place, on est attaché à son clocher, à ce coin de terre qui a vu naitre et mourir ses parents. L’étranger est souvent celui qui n’habite pas le village, sa famille ne repose pas dans le cimetière local.

Et puis tout change, le baby boom, la guerre qui s’est éloignée, le niveau de vie qui augmente. Les habitudes qui changent, les besoins qui s’accroissent. La consommation est bouleversée. D’autres critères entrent en jeu. Maintenant les grandes surfaces trament leur toile dans laquelle viennent se démanteler tous les petits commerces. La voiture modifie le rayon de circulation des habitants. Par l’odeur alléchée, les grandes enseignes se partagent la distribution de la manne pétrolifère.

Les petites stations ferment et les autoroutes, en les évitant, enterrent définitivement tous les petits villages condamnés. Les bars, aux alentours, privés des automobilistes qui s’approvisionnaient ailleurs et ne venaient plus étancher leur soif ou reposer leurs véhicules fermèrent progressivement leurs rideaux. Les autres commerces suivirent presque tous le même chemin. Les habitants allèrent plus loin chercher le travail qui se déplaçait. Les écoles virent le nombre des enfants diminuer. Peu à peu la vie disparaissait et le village agonisait.

L’autoroute et les grandes surfaces avaient eu la vie de ces villages que ni les guerres ni la pauvreté n’avaient pu faire disparaitre.

Le pétrole augmente, celui-là même qui avait initié ces changements, et les même grandes surfaces qui se partagent le trafic routier sur les autoroutes sont plus chères sur ces grands axes. Certes, on peut sortir de la toile routière pour s’approvisionner à l’extérieur, mais les cartes routières sont des enchevêtrements quelquefois complexes, même pour des ‘Champollion’ automobilistes. Risquer de s’en échapper pour payer le carburant moins cher relève d’un sudoku niveau ‘demoniak’.

Depuis, la qualité de la bouffe distribuée dans les cantines autoroutières rejoignant celle vendue sur le réseau SNCF, le jeu en vaut la chandelle et sortir du piège autoroutier devient un moyen d’ajouter, en plus de celui de faire des économies, un autre pour passer un moment de repos agréable autour d’une table de bonne qualité. Cependant un instrument moderne va favoriser ce nouveau comportement. Cette petite boite qui vous parle, en vous avertissant que vous dépassez la vitesse limitée, va apporter la solution à ce problème épineux. Sortir du piège et retourner dans ce qui n’en est plus un, devient un jeu d’enfant.

« Tournez franchement à droite à trois cents mètres, vous êtes arrivé ! » et c’est gagné !

Le GPS, instrument démoniaque issu de cette même amélioration qui voulait les exterminer, est en train de refaire renaitre ces lieux oubliés, ces villages écartés du bon chemin par des tracés qui se voulaient porteurs du progrès et de la civilisation.

Et l’on redécouvre ces petites auberges où la nourriture est locale, différente de celle standardisée de toutes ces routes banalisées. Et ce petit arc de triomphe d’un césar oublié, ou ce temple dédié à un dieu obscur du Parthénon décadent, prennent de nouveau une certaine importance puisqu’on sera sûr, ensuite de retrouver son chemin grâce au nouvel démiurge GPS.

Et je ne vous parle même pas du prix du carburant qui va nous forcer à quitter, quelques fois, ces routes à grandes vitesse où le dépassement du cent dix est prohibé. Alors ce chemin des écoliers, ce labyrinthe des routes nationales, départementales et vicinales va redevenir un jeu de piste pour revaloriser tous ces lieux magnifiques, oubliés et sacrifiés sur l’autel de la modernité qui voulait que, jadis, le chemin le plus rapide pour joindre deux points, était la ligne droite ! 

   

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité