PRIORITES !
Communication !
Nous sommes dans le monde de la com mu ni ca tion.
Internet, vidéo, média, téléphone, télé, etc….
On peut ne plus ignorer ce qui se passe à des milliers de kilomètres de notre porte, mais ne pas savoir ce qu’il se passe derrière. On peut savoir si notre copain a bien mangé son burger à Hawaï, si l’eau était plus chaude en Croatie qu’en Thaïlande, mais ignorer complètement que notre voisin de palier n’a pas pris de vacances depuis cinq ans ou que le voisin du cinquième est momifié depuis huit !
Certains marchent de front sur ce boulevard, un mobile soudant une oreille à un bras sclérosé, un walkman implanté sur la tête, ils avancent tel des automates, leurs pas rythmés par des musiques qui les coupent de ce monde où ils se meuvent sans voir. Ils marchent de concert, sans se percevoir, sans se parler, sans s’écouter, pour ne pas perdre une miette de ce que leur oreillette est en train de leur diffuser. Somnambules, zombies sous l’effet de ces objets qui sucent la moelle de leur cerceau sacrifié, ils avancent de concert, déconcertés.
T’es où ? La phrase qui tue. On s’occupe de savoir où est l’autre, alors qu’on ne sait même pas où l’on est soi-même. On écoute les sons venus d’ailleurs sans se préoccuper de ceux qui nous entourent. Ils écoutent d’autres bruits, oubliant la convivialité, le partage, pour s’adonner à des commérages sur des sujets bateaux comme ceux qui voguent dans leur tête.
On peut savoir tout sur tout, sur ce qui peut se passer n’importe où. Mais les informations qui circulent via les sms envoyés, ferraient passer n’importe quel footeux pour un prix Nobel de littérature et les journaux people pour des références en matière d’information internationale.
L’importance des faits qui font l’actualité est inversement proportionnelle aux paillettes qui les entourent. Une invasion pendant les JO ne pèsera pas lourd face à des jumeaux photographiés, une famine dans un pays au nom imprononçable et difficilement situé sur une carte mondiale souvent indéchiffrable, ne trouvera pas grâce, face à une star en cure de désintoxication ou même aux seins agressifs de quelques starlettes, qui pointent sous un maillot trempé par une mer caraïbéenne.
C’est la communication de la connerie, la diffusion mondiale des futilités à vitesse grand V, accélération en temps réel grâce à quelque ‘You tube’ ou autre ‘motion’. Tout le monde sait en même temps et tout le monde s’en fout de la même manière. Quel sont les couleurs des cheveux des membres de tel groupe américain, mais où se trouve cette capitale dévastée, quelle est la marque de la voiture de ce héro de série, mais où se trouve ce pays à la politique colonialiste ?
Comment s’appelle la nouvelle maitresse de ce chanteur vieillissant, mais quel est le leader de ce parti nouvellement créé ?
On sait tout sur tout mais on arrive plus à savoir ce qui est important ! Le flux des informations obstrue le décodeur qui donne des signes de disfonctionnement, la gare de triage engorgée noie l’informateur sous des flots de nouvelles quelquefois invérifiables. On ne peut plus faire la part du vrai et du faux, et la communication tue le message en le rendant inutilisable pour celui qui n’est pas équipé du bon traducteur, pour celui qui n’a pas les bases d’une bonne compréhension.
Au lieu de vouloir taxer les produits gras qui rendent obèses ces corps martyrisés, taxez plutôt ces informations qui abrutissent ces têtes, les rendent impropres à trier toutes les priorités, et en font des anorexiques de l’intelligence.
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