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Râleur
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28 janvier 2008

LES POTICHES

Les cheveux bien arrangés, lunettes noires, sourire figé, des fringues qui laissent deviner un corps parfaitement siliconé qui ne demande qu’à s’échapper pour nous prouver qu’il est entièrement naturel. Elles sont de toutes les manifestations, de toutes les émissions, et quelques fois elles arrivent même à nous faire croire qu’elles ne s’ennuient pas. Pour vous dire la vérité, cela ne me dérange pas, et même si ma femme ne regardait pas, je vous dirais que cela me laisse froid.

Elles ont la trentaine déclarée, au sommet de leur pouvoir de séduction, elles sont belles, elles le savent, et pourtant des doutes viennent enlaidir leur front. Persuadées que tout le monde les regarde, les épie, note leurs transformations, elles font de moins en moins confiance en leur miroir, ne s’en remettent plus à leurs crèmes, à leurs pommades, et vont rechercher ailleurs un remède pour les préserver des outrages que ce temps ingrat veut leur réserver. Poussées par des amies qui ont essayé, par des copines qui les poussent pour voir comment c’est, tentant d’imiter des plus vieilles qui ont commencé, elles se décident un jour et poussent la porte des apprentis sorciers qui veulent les remodeler, leur rendre cette jeunesse, cette fraicheur que les ans ont emportées.

Mais, merde, pourquoi se font-elles refaire, toutes, la même tête ? Lippues comme les guenons qu’elles sont devenues, les pommettes tirées des poupées de cire, incapables de sourire sans grimacer, le nez standardisé, les yeux inexpressifs, figés par des paupières qui ne peuvent plus bouger. Elles se ressemblent toutes, comme les mêmes marionnettes fabriquées par le même ébéniste qui n’arriverait pas à se renouveler. Ne voient-telles plus ce qu’elles sont devenues, même leur jugement s’est-il pétrifié, sur leur propre image que leur souvenir conserve ?

Maintenant on les voit pavaner, sûres de leurs charmes qu’elles pensent avoir retrouvés, elles s’admirent dans les reflets de leurs amies comme elles clonées, et ne se rendent plus compte qu’elles se ressemblent, et ne s’aperçoivent même plus que les sourires qui les entourent, sont des rictus de la moquerie.

Fugit irreparabile tempus

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