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9 janvier 2008

FICTION ?

Tout avait commencé avec les stations services, pourtant le mal rongeait déjà. Pendant qu'on nous servait, un employé vérifiait la pression des pneus, donnait un coup de chiffon sur le pare-brise, proposait une vérification du niveau d'huile, et sans sortir, en reprenant les clefs du bouchon du réservoir d'essence de notre véhicule, nous lui donnions un pourboire. Souvent, quelques commerces, un bar, une épicerie, un début de vie: un quartier.

Premier choc pétrolier, puis le deuxième, puis l'inflation, puis .... Le prix du pétrole qui flambe, les taxes qui suivent. Il faut baisser les marges bénéficiaires pour rester compétitif, pour survivre, on supprime tous les petits services, les pompes deviennent automatiques, c'est le règne du self .

Les seuls qui peuvent faire face à cette nouvelle donne, sont les gros. L'accroissement du nombre des grandes surfaces sonne le glas des petits distributeurs qui laissent la place libre à ces collecteurs du nouvel impôt énergétique. Les pompes à taxes entraînent aussi la mort programmée des petites boutiques environnantes, et le village commence à se désertifier, devenant un dortoir pour citoyens délocalisateurs.

Le prix exorbitant des parkings, les embouteillages, font le lit des zones commerciales, qui, profitant de la valeur moindre des terrains encore peu exploités, commencent à se développer autour des grandes villes. Le stationnement gratuit, la proximité des autres enseignes, et ce sont maintenant les villes plus grandes qui commencent à souffrir. Le centre ville est de plus en plus délaissé, la bataille de l'ouverture du dimanche est en passe d'être perdue.

Les postes ferment à leur tour, quelques boulangeries arrivent encore à tirer leur épingle du jeu en annexant les aires de stationnement des stations abandonnées. Certains pleurent, le bar est fermé, le restaurateur a mis la clef sous la porte, le camion de l'épicier passe un jour sur deux, on en appelle à la télé pour ramener les commerçants échappés, pour mobiliser les bonnes intentions, des facilités leur sont consenties.

Mais, qui est fautif, qui va faire toutes les courses dans les grandes surfaces ? Bien sûr, tout a augmenté, mais ces grands magasins ne vont-ils pas chercher très loin les marchandises, pour nous les faire payer le moins cher ? Enfin, pour accroître aussi leur marge, en ayant éliminé tous les intermédiaires, mais, la qualité a-t-elle suivi après ces délocalisations pécuniaires ?

Avant, chaque région avait ses spécialités, on pouvait traverser la France sans être indisposé par cette monotonie agressive. Maintenant, les mêmes marques, les mêmes enseignes, les mêmes magasins avec les mêmes marchandises, rangées sur des rayonnages identiques, la même musique, les mêmes odeurs, les mêmes emballages, les mêmes prix, les mêmes promotions .... On pouvait trouver dans chaque petite boutique, la diversité, des choix, des produits particuliers, différents. Maintenant les centrales d'achats imposent leur propre conception de ce que doit être le goût. Avec leurs critères d'approvisionnement elles imposent également leur conception de la rentabilité. C'est la disparition du choix individuel.

Les petits producteurs doivent, par conséquent, se soumettre ou disparaître, s'aligner ou périr. Ce n'est plus la production qui commande, c'est la distribution qui dicte ses règles, impose ses prix.

Le réveil sonne. Merde, il est déjà six heures, il faut que j'aille bosser. Ce n'était qu'un rêve, une fiction.

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