UN DINER PRESQUE PARFAIT A DIJON ! IV
Jeudi, Romuald, boucher, mais un pêcheur presque professionnel de carpe in corpore mergitur. Alors le mec il monte son appareillage de pêche chirurgicale, avec gaules télescopiques et les portes cannes équipés de radar, détecteur de taille, de profondeur, de sexe, parce que la carpe femelle est la seule à garder la bouche ouverte assez longtemps, d'anémomètre, au besoin d'anémographe, ses lumières psychédéliques qui reliées avec internet indiquent la provenance du poisson et ses goûts en matière d'appâts. Je signale quand même, que beaucoup de pêcheurs de carpes ne les mangent pas, ils se contentent de les mesurer, de se faire photographier avec leur prise, de l'embrasser tendrement sur la bouche, d'où l'importance de leur sexe, et de la remettre à l'eau. Titre de son menu. 'Lenumuche louchebem.' Amis de la culture et du blog, tata, maman, celle là on nous l'a déjà faite, c'est un langage de boucher.
Chez lui. Grande pièce, chiche en meubles et décorations, qui, avec un plot de boucher et d'autres appareils, se transforme en laboratoire professionnel. Sa femme met très peu les pieds dans la cuisine, putain, les pieds, on s'en fout, encore un qui ne connait pas les joies des amours improvisées sur des tables débarrassées de leur nappe moelleuse qui peuvent aussi être utilisées autrement que comme des déguisements pour des taupes même pas lubriques.
Les courses. Il va choisir la viande dans sa boucherie. J'espère qu'on ne va pas lui reprocher de se servir de ses produits comme certains pouvaient le faire avec les truffes de la productrice.
D'un autre côté, il prend sa farce, les brochettes toutes prêtes, et autres produits chez un boucher. Cas de conscience au sujet du jambon persillé acheté aussi chez un homme de lard. Ensuite il se change, met son tablier, pour pousser la saucisse. Curieuse expression de la langue française. Pousser la saucisse, c'est imagé.
J'imagine une relation entre une poissonnière snob et un boucher d'un certain milieu qui lui proposerait d'introduire sa saucisse ferme dans sa moule offerte sur un étal cérémonial. Permettez à mon humble protubérance en rut de labourer votre vulve aquatique en vue de plaisirs charnels qui nous amèneraient vers quelques félicités corporelles propres à faire jaillir quelques substances tendant à prouver que les relations intimes et néanmoins rapprochées furent suivies de quelques succès orgasmiques. Ce qui est de beaucoup plus classe que le traditionnel " Et ma grosse bite, tu la sens, hein ? " Je viens de comprendre, soudain, les raisons pour lesquelles sa femme ne mettait plus les pieds dans la cuisine, ce doit être une classique qui préfère la salle de bain. Madame préfère se faire farcir la moule dans un endroit plus sentimental. Je parlais bien sûr de l'exemple cité plus haut. Il s'ensuit ensuite une description technique pour indiquer la manière de procéder. On met donc de l'eau dans le noyau, pour faire glisser, on pose le nœud sur la canule, comment veux-tu, et on n'a plus qu'à tirer. Encore un procédé qui va se perdre si nous ne maintenons pas nos traditions. Sauvons cette culture qui nous est propre, oui, ne tirons que si ça glisse ! Et dès que sa saucisse est empaquetée, il se tire, et s'en va. Non ! Refusons ces pratiques archaïques. Mesdames, refusez ceux qui se cassent après avoir tiré. Rejetez ceux qui embrassent des carpes mais refusent toutes caresses après avoir sorti, à la va-vite, leur saucisse empaquetée !
A la lecture du menu, l'expert en voitures miniatures reconnait immédiatement les transpositions en langage phonétique des écritures orientales. La planche à découper, support du menu, n'évoquant, en lui, aucun rapprochement professionnel.
En cuisine. Je note que puisque sa femme ne vient pas dans la cuisine, il ne met de tablier que pour pousser la saucisse, encore un fétichiste. Pour les girolles, je conseille d'abord de bien les nettoyer pour justement éviter de les passer sous l'eau, trop violemment, comme il fait. Le champignon est un être délicat, tout aussi sentimental que la carpe, même si on n'est pas obligé de l'embrasser sur la bouche avant de le mettre à l'eau. Cependant, il vaut mieux faire rendre l'eau aux girolles avant de les faire cuire avec du beurre puis ajouter la crème, elles seront beaucoup plus goûteuses. Je remarque qu'il utilise des petites boîtes de crème de marron au lieu d'utiliser une grande, pas très économe.
Décoration de table. Nappe taupe carnavalesque qui se prend pour un rideau de cuisine fait dans des pantalons de boucher. Des napperons blancs façon set de table qui dénaturent complètement l'esprit de sa déco et qui sont tout aussi ridicules qu'inesthétiques. Assiette de présentation au look ancien. Petite cuillère à l'envers, d'un côté, comme les amateurs qui n'arrivent plus à différencier la droite de la gauche lorsqu'ils sont en face. Même chose pour le pain. Ah, ces amateurs ! Un massif floral en plastique qui sert comme décoration sur les étalages des boucheries. Des outils professionnels. Les prénoms sur les étiquettes de prix. Bof.
Alice monte avec une écharpe dénouée qui laisse entrevoir sa gorge déployée et cache son collier et tient à la main une bouteille par le goulot serré. Putain, ça craint, d'entrée il annonce son antipathie pour cette invitée en signalant qu'il préférait Charlène. Merde, c'est sûr, sa femme ne viendra plus dans la cuisine, il faudra sûrement qu'il envisage de se pousser la saucisse tout seul.
Ah, c'est Charlène, les bras lui en tombent, sa saucisse remonte, elle qui était désespérée, quelques secondes auparavant, pensant même à cette solution extrême de s'auto secourir, reprend espoir, envisageant même, d'être poussée par des mains nouvelles. Son sourire, celui de l'hôte, pas de la saucisse, illumine sa figure dont Alice avait assombri la gaité, merde, madame a de quoi être inquiète. Vincent vers la Chine s'avance et tel un explorateur athlétique pense devoir gravir la fameuse muraille avec son enduro acrobatique, il a tout préparé, bûché les langues exotiques et tel un artiste s'avance pour lâcher ses compliments dithyrambiques. Ô rage, ô putain, il est chez Romuald, la même déception se lit sur son visage que sur celui de l'hôte lorsqu'il regardait Alice.
Armelle, avec un petit cadeau. Explication du langage.
Apéritif. Lassortimentoc de linimens lochettebrics; brochettes à bases de saucisses et de différentes sauces, façon fondue bourguignonne, sur une .....ardoise, encore. Le grand critique CulinoBmx adore les nems, car il vient de reconnaître une écriture orientale.
Armelle avoue être gourmande de saucisses. Romuald la regarde d'un autre œil. Charlène la trouve fraîche et bonne. Romuald fond lorsqu'elle lui dit qu'elle n'en avait pas mangé d'aromatisées.
Animation. Atelier boucherie avec la tenue adéquate. Course au ficelage de paupiette, au désossage et autres travaux pratiques avec gant et côte de mailles. "Charlène, tu le sens bien l'os, avec ton couteau, hein ?" Enfin, tu as fait une belle pelote de ficelle, mais tu l'as épâté, pour un boucher, c'est normal.
A table. Vincent discret essuie son verre avec sa serviette, il s'agit peut-être des résidus d'un mauvais programme de séchage de la machine à vaisselle, mais Alice lui demande de le changer parce qu'il est sale, cela ne va pas arranger ses affaires.
Entrée. Latentem de lanarquesse aux lommepems. Tatin de canard aux pommes.
"Exactement quand on le lit, il y a une connotation de langue asiatique. " oui, Vincent, continue de faire joujou avec tes voitures électriques. Merde c'est du BMX du sud avec une pointe de Scarletrix du Texas, t'es nul ! Devant leurs yeux hagards et leurs difficultés de compréhensions, ils ont été avertis du langage plus comique qu'ésotérique. Amis de la culture, rebonsoir, il y a ici une polémique entre 'aviné' et 'enviner'. Discussion à laquelle je me garderais bien d'apporter quelque explication puisque personne n'est d'accord sur le terme exact. J'adore aussi Alice et Vincent qui se la pètent un peu, la première trouvant même que le vin sent la poussière, et le premier qui agite frénétiquement son verre jusqu'à tenter de lui faire atteindre un orgasme symbolique. Je pense à Maurice et à son bouchon et je me gausse, on va la voir demain.
Ensuite nous voila embarqués dans un discours semantico-vinico-culinaire sur l'art de chauffer les verres avant de goûter le vin, ce qui a le désavantage de refroidir les plats, mais il ne se gène pas pour le faire remarquer à l'hôte, qui est lui, en train de bouillir. Je note que l'expert craignait le sucré salé pour le foie gras, merde, il faut un peu sortir sans ta moto.
Plat principal. Lenadingri de lauvé aux légumloques liniaturmoques . Grenadin de veau aux légumes miniatures, sauce aux girolles. Ça y est l'expert a compris, et grâce à un savant montage de la chaîne...à vélo, ne passe plus pour un sinistre stupide cynique sinologue de casto, mais pour un inculte, un peu pinailleur puisque l'autre verre était un verre à eau et que l'hôte apporte un autre verre pour le rouge. Il est assez content de sa sauce, moi non, trop liquide, cuire des champignons, comme les girolles, dans de l'eau, même avec du fond de veau...... Dommage! Ah, lala, la faute, un poil de chatte dans l'assiette d'Alice ! Tous les malheurs du monde. Putain, je lui avais dit de ne pas jouer en cuisine avec sa saucisse.
La soirée chez Alice s'annonce...... 'Boucherie' !
Dessert. Londamfem loirepoque larromics. Fondant de poires aux marrons, sur....une ardoise! Bingo. Dommage encore pour le verre avec la chantilly, mieux valait la poser à même l'ardoise. Putain, certains candidats pourront se refaire un toit. Maintenant Vincent reprend son air de spécialiste en nous expliquant presque le menu qui n'a plus de consonances asiatiques. Vincent servi en premier. Pain et sel sur la table. Charlène aime, et Romuald aime Charlène qui aime.
Si Romuald content, saucisse heureuse, et plus, si chantilly affinité !
Les notes 23 pour Armelle, très sympathique. 22 pour Charlène, gentille. 21 pour Alice qui n'aime pas le gras et les saucisses. 20 Cent un peu prétentieux.
Je suis d'accord sur la table 'étal de boucherie' à sur certaines appréciations sur les plats, et je remarque qu'Alice note toujours 'gentil' !
Semaine bisounours ! Pas trop de pinailleurs méchants !
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