UN DINER PRESQUE PARFAIT A DIJON ! II
Dijon, c'est chouette.
Mardi, tout le monde il est gentil, c'est magnifique, ils sourient, ils notent bien, c'est le manège enchanté. C'est Vincent, négociateur immobilier, un léger look de Bacri jeune, un cannois d'adoption, au lycée Carnot, qui voulait faire prof de Latin, plus doué au tarot et au flipper, qui fait du vélo pour s'oxygéner les poumons mais qui conduit un 4x4 polluant pour aller commander des fleurs. Un comble. Enfin, comparer la cuisine à la mécanique c'est osé, surtout lorsqu'on ne cuisine pas, comme lui ! Mais, tous les écrous sont dans la nature. C'est sa femme qui cuisine et il va nous dire qu'il a toujours été du côté du manche, mais il nous parle de celui du fourneau, sans se rendre compte que ce dernier est contre le mur. C'était une image, pour le manche ! 'Le bouchon nuiton', est le titre de son menu présenté sur l'étiquette d'une bouteille de vin. " J'ai tous les éléments pour gagner ! " Putain, le mec il vient de te dire qu'il ne cuisinait pas et ensuite qu'il va gagner. Merde, à quoi sert l'émission Top chef, engagez des cyclistes, une toque, des 'oui chef ' un peu de 'à l'insu de mon plein gré', sans plus, et c'est parti !
Chez lui. Tiens encore une couronne de l'avent sur la porte, alors avant ou après noël ?
On entre directement dans un salon, escalier pour l'étage, et tout en longueur, la cuisine, assez étroite. Il insiste beaucoup pour nous dire que la cuisine est sa passion, parmi d'autres, mais qu'il n'est pas un cuisinier. Très beau piano, sa femme est mélomane, petite, brune, assez mince et elle adore la science fiction. Elle n'est pas née dans la région, elle a travaillé assez tard et elle n'aime pas les courgettes. Elle a un frère qui est pompiste mais qui voudrait se reconvertir dans la plomberie sans être d'origine polonaise et non croyant de surcroit.
Quoi ? Mais je fais comme les candidats qui en partant d'un énoncé vous donnent le CV de l'invité. Ah oui, elle a des grains de beauté. Je pense qu'elle est poisson.
En cuisine. La sauce ne prend pas, coup de téléphone à un ami ; allô maman, perdu.
_Y a que la sauce ne monte pas.
_T'as mal manié ton beurre mon fils.
Il connait des termes culinaires "J'ai une petite influence gastro" ah whai, c'est son transit, sans doute pour aller voir quelques chefs. Enfin, il devrait prendre des cours d'épluchage de carotte, de 'maniage' de beurre, de séparation des blancs des jaunes, bref de cuisine aussi.
Je pense qu'il ressemble aussi à Gaston Lagaffe. Il parle et explique comme un livre et cuisine comme une BD. Plein de bonnes intentions mais vide comme un amateur.
On sonne. Est-ce maman qui veut savoir si le petit a monté sa sauce ? Non, c'est le fleuriste qui livre la composition florale un peu vieillotte. En hauteur giroflées blanches, roses rouges, tortuosa et formium.
Décoration de table. Le lustre s'en souvient encore. Nappe taupe interloquée, jetée, retournée sur la table du sacrifice prête à être prise renversée et mal repassée trois fois sur son sein par un hôte pas décidé du côté sur lequel il allait la dresser. On dirait une table de maison de retraite.
Verres mal placés. Argenterie. Une maquette kitch. Des grappes de raisin français cueillis sur des vignes françaises, madame, que le raisin d'hier soir il venait de Grèce, monsieur, des sarments de la terre de chez nous, mesdemoiselles. De la mousse. Assiette avec motif. Régression. Feuilles mortes, bougies. Serviette assortie à la nappe, mais à l'endroit.
Armelle écharpe rouge, cadeau.
"Ah! On frappe. " Elle avertit le maître des lieux qui reconnait Romuald avec une bouteille, derrière la porte. Putain, on nage dans la science fiction!
"J'ai hésité entre Armelle et toi, mais lorsque je t'ai vu, j'ai pensé que c'était toi." On ne peut que rester abattu devant un résonnement d'une telle puissance de déduction. Putain, le mec il hésite, mais lorsqu'il le voit il pense, oui, oui, il pense être chez celui qu'il vient de voir. Putain, mais le copain de Sherlock, c'est un rigolo, 'élémentaire' prend toute sa signification, là, c'est de l'art. Et il annonce cette révélation le plus simplement du monde, en souriant, il fait que de nous humilier, il nous assène ce raisonnement comme lorsque les sportifs nous avouent que le dopant est arrivé dans leur organisme par une opération du saint esprit, merde c'est évident, what else ! Sur le cul.
Charlène bouteille aussi. Oui, c'est court, oui. Alice, bouteille aussi. Oh, aussi, oui, en haut, beau collier.
Un être hybride avec le haut d'Alice et le bas de Charlène qui met pourtant la barre haute. Comment le sait-elle ? 75 % des invités apportent une bouteille.
Apéritif. Gourmandises persillées. Jambon directement du boucher sur la table. Il signale qu'il a eu la bonne idée d'aller chez son boucher. Merde, il est bon ! Il a bien choisi. La classe. C'est vrai, il pouvait aller chez un garagiste. Oh, Alice, que de merveilles ! Laisse-moi être ton lapin.
Sucettes aux escargots. Oui, ta limace aussi. Que pour faire plaisir à Loulou. Mais le jambon, même persillé, par terre, c'est un peu gênant. Oh, un être hybride avec la bouche d'Armelle. Oui, oui. Et même qu'elle ne bave pas. Et Alice aime les sucettes.....et après la sucette, les bonbons ! Charlène a encore de la place. Ah oui, on peut mieux sucer les bonbons.
"C'est une belle entrée en matière!" mais c'est que Charlène est une spécialiste, di diou !
Animation dans le jardin secret. Dans son garage, dans son atelier, dans son jardin d'enfant. Certains enfants devenus vieux jouent au train électrique, lui c'est avec les voitures vieilles. Joker. Rien à voir avec son menu. Il valait mieux faire l'inverse et organiser le menu autour de sa passion ; la pédale. Et Armelle qui confond vélo et voiture en parlant de rallye.
"J'ai gagné, c'est normal, c'était contre des filles." Putain, Romuald, pas macho !
Je note qu'il ne participe pas à l'animation pas que personne ne le fait remarquer avec les éternelles réactions "Oui, mais il n'a pas participé !" Non, casquette sur la tête il arbitre. C'est un peu long !
Entrée. Cocottes de pinot noir. Ah, il vient de trouver les maniques pour apporter les plats sans cérémonie. D'ailleurs, je pense qu'il a dû téléphoner à sa maman pour qu'elle demande à sa femme où elle avait foutu les maniques, parce que se servir de kleenex pour toucher les plats...
Il fait exactement ce qu'il reprochait à Charlène, qui oublie aussi, qu'hier elle avait aussi fait attendre ses invités. Il parle d'œuf poché dans la sauce au vin alors qu'il ne les a pas fait pocher.
Mais il nous explique très bien la recette des œufs meurette.
Les baguettes sur la table. Il est raffiné ce sportif.
Plat principal. Pièce du vigneron et condiment du terroir. Viande cuite aux sarments de vigne sur un barbecue sur sa fenêtre. Il paraît que la pièce est enfumée. Putain, il nous avouait avoir un piano de compétition et il fait un feu de fenêtre.
Ketchup de cassis, dit maison. Serait-il un peu menteur ? Et la garniture ?
Dessert. Fraîcheur des Hautes-côtes. Bavarois de fromage blanc, coulis de fruits rouges et tuile.
Ils sont de bonne composition. Il est gentil et emprunté mais son dîner non plus ne cassait pas trois pattes à une saint jacques. Et la composition de fleurs n'a servi à rien, oubliée sur le meuble.
Les notes. 22 pour Armelle. 20 pour Charlène. 19 pour Alice. 18 pour Romuald. Les notes d'animation me décoiffent. Quand je pense aux notes à Rouen, putain, il était lynché !
Une tuile et des pieds de cochon, du jambon persillé acheté, ketchup maison acheté, un bon morceau de viande, du coulis en bouteille ! Et tout ce qu'il a fait, c'était la première fois !
La cuisine c'est comme la mécanique, il suffit d'aller cher un bon meccano !
Et il se prend pour un cuisinier !
/https%3A%2F%2Fassets.over-blog.com%2Ft%2Fcedistic%2Fcamera.png)