UN DINER PRESQUE PARFAIT A PARIS ! II
Mardi, Alix, étudiante en commerce, qui a envie de prouver qu'à 22 ans on sait cuisiner. Mais que ne sait-on pas faire lorsqu'on est jeune, que n'ignore-t-on pas ? Elle aime beaucoup la chasse ! Sur le cul ! Si jeune ! Je veux dire que c'est moi qui suis sur le cul, mais vous aviez compris. La chasse à courre. Oh putain, il y a encore des barbares qui s'intéressent à ce genre de meurtre organisé. Même certains anglais l'ont interdite. Je pense qu'elle doit avoir des parents châtelains, avec des terres et des étangs et des chiens et des chevaux et des serfs .....Ah, l'excuse, le contact avec la nature, je l'attendais celle là. Va cueillir des champignons !
"Je serai déçue si je ne gagne pas, j'estime que j'ai le droit de gagner et je dois gagner, et maintenant tous ceux qui sont plus vieux que moi, gare à vos fesses !"
Et voila, on a trouvé la provocatrice de la semaine, un tantinet rouleuse de mécaniques.
Qui présente un dîner de vieux. 'Laissez courre.'
Chez elle ? Chez maman ! Toujours en short, elle nous fait la visite du salon, convivial, parce qu'il y a des cons qui ont des petits salons où une seule personne peut rentrer et c'est tellement petit que t'es obligé de t'assoir pour lire, avec un rouleau accroché sur le mur pour écrire tes pensées intimes et tes réflexions philosophiques comme 'que va-t-on manger ce soir' ou 'merde où est le déodorant' mais qui deviennent vachement existentialistes si le rouleau est fini et qu'il y a des invités dans le grand salon . Putain, des cadavres sur les étagères. Ses parents sont bouchers et ils ont ramené du boulot à la maison! Je déconne, merde, bercée par des animaux tellement vrais morts qu'on dirait qu'ils sont vivants, elle a dû être influencée par la passion de ses parents et comme un pin ne fait pas un gland elle est devenue courge. Ne me dites pas qu'une jeunette de 22 ans soit intéressée par ça ! Des serre-livres en volailles empaillées.
Heureusement qu'elle se baisse de temps en temps, ses seins, au moins sont animés ! Suis-je drôle ! Moi, aussi, je fais du second degré, comme elle !
Une tête de chevreuil naturalisé, pour montrer aux invités à quoi ressemblait l'animal qu'ils sont en train de manger, j'espère qu'elle va garder toutes les épluchures des légumes pour en faire de la déco. Il n'y a pas de raison. J'aurais aimé assister à un repas de cannibales, avec la tête des plats du menu, j'adore la cervelle, et le foie, et les rognons........
Cuisine en longueur, pas terrible, on dirait un office.
Les courses chez le marchand de farces et attrapes pour animaux condamnés et qu'on doit faire rire une dernière fois avant de les empailler. Un animal qui rit est moins stressé et reste plus naturel, figé pour l'éternité, enfin tant que la vermine n'a pas bouffé tous ses poils.
Putain, il est beau le vendeur, il y croit, quand il souffle dans le sifflet pour appeler les grives, il croit que c'est sa mère qui l'appelle. Alors il se retourne. Ça c'est de la conscience professionnelle. Il devrait lui montrer l'appeau spécial pour appeler le male en boîte le soir, il n'a qu'un seul inconvénient, il vaut la peau des fesses, remarquez, elle a toujours son short. Vous avez vu, j'ai pas dit la peau du cul ! Je progresse .
En cuisine. J'ai toujours cru qu'il fallait peler les potimarrons. Elle ne le fait pas ; une nouvelle recette ?
Je note qu'elle déteste le fouet. Mais je me demande toujours où est sa marinade qui doit mijoter. Je remarque l'état du filtre de la hotte, mais je ne dis rien, ni de l'état de certaines casseroles, ni de.......non, non !
Décoration de table. Le personnel a dû mettre les rallonges. Sur une sous nappe dégueulasse et déchirée, une belle nappe albinos avec étoles de taupe des bois, mal repassée et froissée.
Assiette de présentation au rebord doré. Le temps de réfléchir pour savoir où se trouve sa gauche, et elle y pose la fourchette. Se tromper devient une phobie, putain, c'est vraiment une étudiante en commerce. Chandeliers en forme de cerf, ouvre moi, ou le chasseur me tuera, je déconne. Une dépouille de canard, merde la table est en train de devenir un cimetière, pas d'éléphants, humour. Un bouchon de grande bouteille comme porte couteau ; la frime. Pichet à eau façon Moustiers. Un grand vase, en bout de table ; tournesols, hypericum, camomille et gerbera blancs white grizzly. Une pibole, une trompe pour avertir les chasseurs des directives à tenir. Maintenant il y a les aple pibole pour avertir d'un sanglier à trois heures ou d'une bécasse à onze heures et tu appuies sur le bouton et la balle à tête chercheuse elle va directement se loger dans celle de l'objectif animal qui a été au préalable greffé d'une cible qui dirige la balle pour empêcher un balourd de rater sa cible.
Les ricains avaient expérimenté cette nouvelle chasse pendant la première guerre d'Irak, avec des caméras qui filmaient comme dans des jeux vidéo. Très belle table de jeunette de 20 ans, qui lui correspond très bien. J'adore la bouteille qui trône au centre de table sur son piédestal en faïence, c'est d'une classe. Il manque des urnes de parents, ou d'amis, ça ferait plus solennel et quelques nains pour rappeler la forêt. Minable !
Déguisée en épouvantail, chapeau, qui lui va très bien, et pipeau en bandoulière, elle attend ses invités. Stéphanie est surprise d'arriver chez une chasseuse. J'aime bien les prises de vue en hauteur. Elle a un beau collier. La chasse n'est une opinion, laisser tuer les animaux n'est pas de la tolérance, prendre son plaisir à tuer n'est pas un passe temps. Ah, mais ils aiment la nature.
Laurent, ah, le mec au grand sac est revenu, un classique, putain, mais c'est une valise à bretelles. Stéphanie a aussi un beau chemisier rouge. Caroline trader, a fait un mauvais placement, elle croyait aller chez Julien qui arrive avec une bouteille.
Directement de chez le traiteur, son apéritif apporté sur un plateau. Je déconne, c'est maman.
Apéritif. La passée au canard. Chou au foie gras de canard et magret de canard fumé sur un toast de pain d'épice. Et pendant qu'ils discutent chasse, la pub royal canin en fond sonore fait oublier le marginal. Je déteste lorsque Laurent, comme le fait remarquer l'hôtesse, a des propos très durs sur la chasse. Merde, dénigrer ainsi la nourriture est scandaleux, c'est comme si je traitais les bananes de grosses salopes vicieuses. Quel manque d'éducation. Par contre le foie gras, c'est autre chose, gaver des oies pour que leur foie câline nos palais, ça c'est un sacerdoce, et puis c'est comme la grosse bouffe, c'est un cantique culinaire. Merde, mourir en bouffant c'est autre chose qu'en étant tiré.
Animation avec un déguisement incontournable. Chapeaux et vestes et bâtons pour souffler dans un pipeau et reconnaitre le cri d'un oiseau. Grisant ! Ils n'ont pas l'air con avec leur sac en plastique en train de souffler dans des harmonicas miniatures. Dans la forêt lointaine, on entend le hibou, du haut de son grand chêne qui répond au coucou, "échangerait gland contre dinde" !
Quelques touchés de cheveux plus loin, la voila en cuisine pour dresser son plat.
Entrée. Chassons l'automne. Velouté de potimarron et châtaigne, espuma de cèpes. D'où sort la cuillère ? La verrine est mal nettoyée.
Stéphanie, arrête de te toucher les cheveux.
Plat principal. Le dernier brame. Chevreuil en marinade avec des coings et une pomme cuite au four. Sauce grand veneur qui se prépare la veille. Une assiette de soupe noirâtre avec des trucs qui flottent. Côté présentation c'est le grand désert. Mais l'hôtesse est contente et se retripatouille encore les cheveux, les faisant aller de gauche à droite et de haut en bas.
Dessert. La saint Hubert. Moelleux au chocolat, coulis de framboises, boules de chantilly le tout dans un moule de sanglier qui n'arrive pas. Le livreur s'est perdu dans la forêt profonde on entend le cor qui brame au fond des bois "je garde la dinde ". L'état de la cuisine !
C'est vrai qu'elle n'avait pas encore enfourné son moelleux, c'est vrai qu'elle est extrêmement, adroite avec ses mains, surtout la droite, c'est vrai qu'elle essaye de faire un motif plus grand que l'assiette et c'est vrai qu'en la voyant faire, j'ai des doutes sur ses capacités à cuisiner ! C'est vrai aussi qu'un moelleux façon cake .....
On se dirige vers la même présentation que le plat. C'est long et les invités entament un concert d'appeaux pour héler la biche dans sa forêt lointaine qui attend le sanglier qui ne vient pas. Putain, pourvu que le vendeur de farces et attrapes ne rapplique pas avec le pipeau échangé contre le sanglier de la forêt lointaine. Donc, elle sert une poubelle design ! Le panier à pain est très décoratif, le pain aussi, si, si ! Un beau caca ! Putain, le sanglier est revenu !
Les notes. 19 pour Julien. 18 pour Stéphanie. 17 pour Laurent et Caroline. Ils sont gentils.
A part la voir faire des trucs bidons, son velouté avec des châtaignes sous cellophane ou un classique moelleux au chocolat qu'on nous ressert cinq fois sur quatre on ne l'a pas vu cuisiner.
Mais putain, je ne peux pas croire qu'elle habite dans cet appartement ou alors elle est très bien maquillée et elle a 112 ans ! Merde, elle va être déçue, pour les fesses !
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