DISCOURS !
Jeudi soir nous étions en Égypte. Le président Hosni Moubarak veut garder sa place. Elle est bonne. C'était un discours digne de ceux de la grande époque, lorsque le rideau de fer était fermé, lorsque le mur n'était pas écroulé et que les tsars tenaient le crachoir pendant des heures sous le regard muet des caméras qui enregistraient, figées, les élucubrations lyriques de quelques guignols qui se croyaient homériques. Il y avait même le passeur de plats, un garde chiourme moderne, persuadé de son autorité de modérateur et de canalisateur, qui servait la soupe devenue un infâme brouet. Il fallait empêcher tous débordements incontrôlés qui auraient pu gêner le déroulement médiatique de la messe du one man show télévisé.
Et d'un chapeau on sortait un demi milliard d'euros pour aider l'emploi alors que la veille on continuait de mettre à pied des professeurs trop payés et des magistrats trop loquaces.
Et le bon papa du peuple nous expliquait qu'il allait rester, avec force comparaisons et développements pour nous montrer ce qu'il avait dit qu'il allait faire et qu'il n'avait pas fait, mais qu'il ferait, s'il n'y avait pas tous ces problèmes de sécurité. Pensez, le pays est tellement peu sûr que même ses ministres vont en vacance à l'étranger et nos avions tellement en grève qu'ils utilisent ceux d'autres compagnies. Mais la présomption d'innocence, qui ne touche pas certains édiles déjà fortement ébranlés par une franc tireur au lapsus facile, est carrément escamotée pour ses copains de cabinet, pour ne rester qu'une faute vénielle, à oublier.
A mourir d'ennui ! Le dialogue était monologue, les chiens de garde aux aboies prêts à éviter tous dérapages verbaux, toutes questions dont la réponse n'eut point été écrite.
Sarko, Mouba, même combat ! Ah putain, les égyptiens ne se sont pas encore fait niquer !