MA VILLE !
Niort, ça rentre de partout, est une petite bourgade de quelques 60 000 habitants.
Arrêtons-nous quelques instants sur l'origine de son nom. Celtique passé entre les mains latines, devenu Novioritum , le nouveau gué, de 'novio' neuf et 'rito' gué.
C'est donc un peu ma ville, mais je ne suis point gué tout en étant joyeux.
Cependant, et personne ne l'avait remarqué, et une petite larme de déception coule sur ma joue purpurine, la gauche, surtout le matin, lorsque je me réveille, je dors toujours allongé sur le ventre, la joue gauche posée sur le drap, pas d'oreiller, je n'aime pas ça, allez savoir pourquoi, des souvenirs de mon enfance, peut-être, où chez les prêtres, ou à l'orphelinat, lorsque nous n'avions rien pour remonter notre tête puisqu'un lit ne pouvait servir qu'à y dormir, déjà, et que nous ne pouvions y lire, ou alors cachés sous les couvertures, vous voyez l'allure, mais cette larme, en silence, dégouline et tombe sur ma poitrine, velue et musclée, désolé pour celles qui des hommes refusent les poils, symbole d'une virilité qui ne veut pas dire machisme, mais seulement pilosité, et finit de s'évaporer sur mon torse chauffé. Bon, ce n'est pas l'été, il faut que je me vêtisse. Je venais de sortir de la douche où j'aime me relaxer et réfléchir et soliloquer. J'évite de pleurer en compagnie, relent d'une pudeur sûrement ancestrale qui interdisait aux hommes de s'épancher en public, je redoute de montrer mes faiblesses car certaines pourraient les prendre pour de l'abandon. Donc, c'est tout habillé que maintenant j'écrivais.
Quel était la raison de cette larme furtive et discrète qui troublait mon matinal train-train ?
Personne n'avait remarqué, des lettres de Niort l'anagramme.
Ô rage, ô cruelle désillusion personne n'avait pensé à Riton !