UN DINER PRESQUE PARFAIT A PARIS ! I
Lundi, Michele, agent commercial de la mode, italien en France depuis dix ans.
Avant de commencer, je voudrais adresser un remerciement à cette voix off qui condense à elle seule toute la quintessence de cette émission. Son ‘à propos’, son sens de la répartie et son humour digne des plus grands déconneurs contemporains. J’ajouterais également sa connaissance parfaite des finesses de notre belle langue dont elle nous régale chaque soir en nous en livrant des florilèges directement sortis d’une chrestomathie pragmatique, pour nous pauvres béotiens, surtout le samedi. Quelquefois, elle nous subjugue en prenant des accents connus d’elle seule, et nous comprenons alors, que si elle n’existait pas…… personne ne s’en plaindrait !
Son menu ; ‘Ieri, oggi, domani.’
Chez lui, parquet marron, sinon, tout est blanc. En cuisine présentation de monsieur robot, ça fait longtemps qu’on le l’avait pas vu, notre ami le thermo….. ! Un beau dracaena Massangeana casse un peu cette couleur dominante.
Les courses, le vin et la vaisselle chez un restaurant traiteur italien.
En cuisine, on voit facilement qu’il a l’habitude de cuisiner.
Décoration de table. Nappe blanche, au centre de la table, un plateau en verre surélevé par quatre petits contenants transparents remplis d’eau teintée en vert. Six plantes vertes genre fougère dans des verres, deux pots de piments rouges et des fleurons de phalaenopsis viennent compléter ce rappel aux couleurs de l’Italie. Set de table en PVC translucide irisé, un seul verre et l’assiette de présentation avec sur le dessus, deux assiettes inutiles. Serviette blanche. Simple épuré !
Changé, en noir, il reçoit ses invités. Les chaussures pas classe. Céline, avec un petit cadeau. Romain lui aussi avec un petit cadeau. Clémentine, surprise de ne pas se trouver devant une mama. C’est vrai que les intitulés du menu laissaient présager qu’on allait être accueilli par une femme. Maria-Lucie, Joconde, dolce vita ; le délire avec ces suppositions de pacotilles. Mais elle a les mains vides tout comme le chaperon rouge Alexandre qui ferme la marche des candidats de cette soirée en balançant une de ces banalités que j’adore « Tu as le physique des italiens du sud ! »
Apéritif. Le delizie dell’orte. Les délices du verger. Pain aux olives avec un pesto à la roquette. Verrine de velouté de potirons avec des amaretti.
Il apporte les verres sans plateau. Dommage !
Animation. Culturelle. Une version italienne. Il faut donc traduire des mots italiens, faux amis. Clémentine qui adore les langues étrangères était restée comme une poule devant un os devant le titre du menu prononcé : ogui !
A table. Un deuxième verre, à eau, mal placé, a fait son apparition. Le Montefalco rouge est en carafe. Les deux assiettes ont disparu.
Entrée. Maria Luigia va au gala. ‘Marie-Lucie’ pour Clémentine. Ça commence par Lu !
Une silhouette décore le bord de l’assiette de parmigiana d’aubergines ; mozzarella, aubergine, tomate, parmesan, pesto. Ah, pour Clémentine, la mozzarella n’est pas d’excellente qualité, c’est le problème du tex-mex. Entre ce que les autochtones mangent et ce que les touristes aiment, il faut un plat d’adaptation. Un peu comme en religion, on y revient, mais c’est un exemple. Je m’explique. En Afrique beaucoup de prêtres ont des femmes mais l’église ferme les yeux comme sur beaucoup d’autres choses, d’ailleurs, puisque ce continent est un grand pourvoyeur de vocations. En Amérique du sud on mélange aisément le culte des nouvelles divinités de l’église qui ont remplacé les anciens dieux locaux décimés par cette nouvelle religion colonialiste ; c’est ce qu’on appelle le syncrétisme. A cuba, le vaudou est aussi laissé tranquille lors de cérémonies qui mélangent gaiment ces deux croyances. Donc Clémentine ne retrouve pas ses saveurs et elle n’aime pas, elle préfère Sa mozzarella !
Plat principal. Les yeux de la Joconde à l’aurore. Tortelli, épinard, ricotta, anchois. Ça y est ! Céline a compris que c’était des pâtes ! Des raviolis ! Elle ne les avait pas reconnus ! Elle aime ! Mais c’est trop facile ! Alexandre commence à manger sans attendre le retour de l’hôte !
Bon, l’explication de la forme des tortelli qui se rapprochent de la forme d’un œil, on a déjà vu mieux…et pire !
Cette maladie de sentir chaque nouveau plat d’une manière tellement discrète, me donne chaque fois l’envie, si j’étais présent au repas, de faire une réflexion assez désobligeante e à chaque malotru qui se croit obligé d’exécuter ce rituel gestuel pour indiquer un semblant d’intérêt olfactif à la présentation du mets, comme s’il avait besoin de coller ses narines pour en sentir le fumé ! Clémentine adore. Céline chipote, pas assez de risque !
Dessert. Dolce vita des pouilles en automne. Figues et amandes. J’ai un doute, son ami le restaurateur a peut-être préparé cette glace. Les filles n’aiment pas. Céline n’aimait pas un ingrédient qu’elle ne connaissait pas ; là, la prise de risque ne lui convient pas !
Heureusement qu’Alexandre relève un peu le niveau avec sa connaissance de la géographie. Merde, en plus, il y a Canne ! Eh oui, un peu d’histoire, amis de la culture, bonsoir. Rappelez-vous Hannibal, avec ses éléphants, qui infligea aux romains une de leur plus grosse déculottée.
Les notes. 24 pour Céline. 21 pour Romain. 19 pour Clémentine. 18 pour Alexandre, son 5 en animation fait un peu mauvais joueur.
Très bon repas, hôte sympathique, méritait mieux.
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