CRASH !
Vol AF447 : le point sur l'enquête.
Au large du Brésil. Il a disparu ! On a rien retrouvé, on ne sait rien.
Parti de Rio, pour rejoindre Paris. Parti de nulle part pour arriver à rien.
Un ordinateur portable. Putain, de quelle marque ? La pub !
Même tonton sac de riz est allé à Rio.
Le président est venu voir les familles. Cérémonie à la cathédrale of Paris. A la mosquée, des prières. La une des journaux du monde entier.
Depuis, les journalistes sont sur le pied de guerre et nous abreuvent tous les jours, d’une non information. Les animateurs du JT tiennent le crachoir, prêts à nous raconter des détails sur tout ce qu’ils ignorent. On passe en boucle les photos d’un avion frappé par la foudre. On va chercher des survivants de catastrophes aériennes. On recherche les signes de douleur sur les visages des proches qui viennent à l’aéroport après avoir appris la terrible nouvelle.
Plus haut, il y a le triangle de Bermudes. Le poteau noir. C’est la zone des mystères, pourvu que personne n’y ait vu des petits hommes verts ?
Les brésiliens ont découvert des morceaux de carlingue que les français transforment en bois. Les trainées dans la mer ne sont que les pollutions des cargos qui souillent l’océan.
Les présentateurs tentent de faire accréditer leurs propres thèses pour faire du sensationnel. On tente toutes les explications fantastiques.
Même la grippe mexicaine est sur la voix de garage.
Charlie hebdo nous rappelle sa ‘une’ censurée après un autre ‘accident catastrophique’ !
L’UMP en appelle à son boycott.
Et pendant ce temps d’autres meurent isolés sur les routes, dans les hôpitaux, dans les rues, dans les prisons, sans qu’on le sache, sans pub, dans l’indifférence.
La catastrophe est beaucoup plus sympathique. Mourir en groupe est plus rassurant. Disparaitre sans laisser d’adresse laisse planer le mystère. On sera moins seul pour l’éternité.
La terre participe à ce départ médiatique.
Mais encore faut-il que la catastrophe soit propre. Un tremblement de terre peut toucher beaucoup de monde, une bombe qui explose dans un autre pays n’est pas forcement agréable pendant un repas. Un tsunami dans un pays de vacances ; tout le monde se sent concerné. Un crash aérien est beaucoup plus smart. Surtout si c’est un grand courrier. L’exotisme, les vacances, le fun. Et puis si on ne prend pas l’avion ; on se sent en sécurité, cela ne peut arriver qu’aux autres !
Catastrophe planétaire, Airbus tire la couverture des élections européennes.
Une parenthèse, le débarquement, la fête des mères, certains peuvent s’engueuler pour des élections dont beaucoup se foutent. Ils avaient dit ‘non’, on avait tout effacé à Lisbonne !
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